La prise en compte de l’évolution de la qualification du salarié dans le niveau de sa classification fait souvent l’objet de conflit avec l’employeur. Pourtant, elle est la base de la construction des grilles de classification de 1975 pour les mensuels et de 1972 concernant les ingénieurs et cadres.

Faire reconnaître la qualification
Les diplômes de l’Education nationale (Bac, BTS, DUT, Ingénieur, Master, Doctorat) en lien avec des minima salariaux conventionnel (territoriaux ou nationaux pour les IC) constituent les références. Aussi, l’expérience et les formations acquises au cours des années de travail sont ensuite les éléments qui servent à faire évoluer, au cours du temps, le niveau de la qualification et du salaire. Les conflits pour faire reconnaître réellement ces évolutions se sont exacerbés par le développement, depuis des années, de politiques d’individualisation et de salaires au plus bas. Pourtant, la technologie, les savoirs, savoir-faire, la technicité, les poly-compétences s’accroissent sans qu’ils soient valorisés à leur juste prix (qualification et salaire).
Au fil du temps, les employeurs nous ont fait perdre, à nos dépens, ce repère essentiel. Cela nous entraîne souvent dans un raisonnement étriqué de la compétence liée au poste, au détriment de tout ce que le salarié met en œuvre, enrichi, développe dans son travail. La qualification est la propriété du salarié. Un poste n’est jamais qualifié et n’a pas de diplôme. C’est la classification qui lui est affectée qui reconnaît les qualifications concrétisées par ses certifications (diplômes, titres, certifications) ainsi que ses expériences professionnelles et personnelles.

Les ambitions patronales
Aussi, avant même que les négociations nationales en cours aient abouti, on constate une certaine mise en œuvre de cette démarche autour de fiches de postes entièrement décrites par l’employeur et en poussant même le salarié à la signer. C’est un pur dévoiement du contrat de travail. Cette situation s’est généralisée dans notre branche. Cela conduit l’UIMM, en lien avec les points d’appui que lui offrent les nouvelles lois (« Travail », Rebsamen…), à entamer une nouvelle offensive en bâtissant un outil de classification centré sur la description de fiches de poste. Elle vise à ne plus considérer les niveaux et les diplômes de l’éducation nationale. Un véritable recul sociétal.

Se réapproprier les classifications
La prise en compte de la classification au niveau des NAO est incontournable. Des syndicats s’attachent à poser les repères CGT pour obtenir une réelle réévaluation du niveau de classification et de rémunération des personnels. La tache n’est pas aisée dans ce contexte perverti par les employeurs. Les pressions exercées sur les salariés sont fortes pour enfermer le débat sur cette conception de poste, voir de la fonction tenue.
Divers retours expériences actent d’une bonne appropriation de l’articulation entre la qualification, le travail réel et les repères contenus dans les conventions collectives (toujours en vigueur).
Les efforts sont payants par des repositionnements de coefficients et revalorisations de salaires, lorsque la démarche est maitrisée en lien avec un véritable travail d’investigation sur le terrain et une persévérance. Revenir en permanence sur la notion de qualification est donc un des enjeux fondamentaux.