La carrière des techniciens possédant un DUT ou un BTS est « limitée » dans l’accord sur les classifications de 1975 au niveau V échelon 3 (bis) et coefficient 395. En effet, un jeune avec un BTS ou un DUT, sera conventionnellement embauché niveau IV1 coefficient 225 après 18 mois maximum. Il passera niveau IV3 coefficient 285. Il ne lui restera donc que 4 coefficients (V1 coef:305, V2 coef :335, V3 coef :365 et V3bis coef : 395) pour arriver en « bout » de classification dans sa carrière de technicien, soit une promotion tous les 10 ans…
Une minorité pourra évoluer dans la filière cadre en position 2 indice 108 (article 20 de la convention collective nationale des ingénieurs et cadres) mais souvent associé à un temps de travail en forfait jours.

Niveau VI : deux négociations, deux résultats
Les syndicats CGT de MBDA et Safran Power Units (ex Micro Turbo) ont négocié des accords de classification avec un niveau supplémentaire (VI) pour les techniciens afin de répondre à leur aspiration d’évolution de carrière dans leur catégorie. Celui de Safran Power Units a été signé par la CGT mais pas celui de MBDA.


Accord chez Safran Power Units (SPU)

Le niveau VI coefficient 425 supplémentaire a été obtenu dans la refonte de la grille des salaires. En effet, avant 2012, SPU possédait ses propres grilles de classification et de rémunération. Il y avait 2 grilles, l’une pour les ouvriers et une pour les employés, techniciens et agents de maitrise (ETAM). A un coefficient UIMM correspondait 1, 2 ou même 3 coefficients SPU pour exemple : un ouvrier Coef 190 UIMM avait un coef 186 et 198 chez SPU. De ce fait, les promotions étaient dans des coefficients hors accord classification UIMM.
SPU était donc hors la loi, la direction devait respecter la grille de classification UIMM, ce qui a été fait dans un premier temps. Puis en 2016, il y a eu une négociation conclut par un accord signé par la CGT ou une nouvelle grille des salaires a été créée y intégrant le niveau VI. Aujourd’hui SPU, est passé à une grille unique ETAM + ouvriers et aux classifications de l’accord UIMM de 1975. Le niveau VI est un plus pour les salariés. (voir  ci-dessous la grille des salaires avec le niveau VI pour 2017 )

 

 

Accord chez MBDA
Le syndicat CGT MBDA a travaillé à collecter les attentes et revendications des salariés notamment concernant la carrière des techniciens. Dans cette catégorie, une forte proportion a une licence pro (donc BAC+3) mais un déroulement identique au BTS (bac+2). Cela a forcé la direction à ouvrir des négociations sur les évolutions de carrière. Toutefois la direction a dévoyé les aspirations des techniciens en leur proposant un niveau VI (coefficients 405) mais associé au passage devant une commission et à une convention de forfaits en jour. En effet, les techniciens les plus qualifiés fond de nombreux déplacements en les passant en forfait jour, la direction s’affranchit de payer des heures de trajet et supplémentaires. De même, le conditionnement de l’accès au niveau VI par un passage obligatoire devant une commission avec une présentation à exposer, les techniciens n’en veulent pas. Pour une majorité d’entre eux leurs qualifications doivent être reconnues au quotidien et non une démonstration devant une commission. La CGT suite à sa démarche de consultation des salariés concernés n’a pas signé cet accord.

Vers une grille unique pour toutes les entreprises
Si ces négociations n’ont pas forcément toutes abouti positivement, elles ont permis de questionner et débattre avec les techniciens de leur carrière en terme de classification. Cela a permis de rappeler l’intérêt de payer leur qualification, savoir-faire et expérience. L’ouverture de coefficients hors de la grille de l’accord de 1975 pose également la question d’avoir une convention nationale avec des coefficients identiques pour tous les techniciens des différentes sociétés de la métallurgie. Aller vers l’unification les différents systèmes de classification de toutes les catégories de l’ouvrier à l’ingénieur, c’est le projet porté par la FTM-CGT dans les négociations avec l’UIMM sur la convention collective des métallurgistes.