Il y a vingt ans survenait l’impensable. En direct à la télévision, les tours du World Trade Center s’écroulaient sous les coups du terrorisme islamique. Le monde occidental était frappé de sidération. La superpuissance économique et militaire se révélait vulnérable jusque dans ses symboles de puissance : le cœur de Manhattan et le Pentagone.
L’ami saoudien
Perdre une guerre à l’autre bout du monde est une chose, être frappé en plein cœur en est une autre. Pour la majorité du peuple américain, désinformé et très souvent indifférent à la politique internationale, c’est la stupéfaction. Une telle barbarie, tant de victimes innocentes, et sur le sol américain… Une question surprenante hante alors la population : « Pourquoi nous détestent-ils tant » ? Et puis qui sont-ils ?
Il faudra des années pour qu’une commission d’enquête aux moyens limités soit mise en place. Mais nul ne sera inquiété, alors que depuis des mois les signaux d’alerte, les rapports, les mises en garde sur un acte terroriste d’importance étaient parvenus aux plus hautes sphères. Car la priorité est d’épargner le grand ami de l’Amérique, le garant international de la préservation de la rente du pétrole et l’auxiliaire des mauvais coups : l’Arabie Saoudite.
14 des 19 terroristes sont des saoudiens, tout comme leur chef Oussama Ben Laden. Al Quaida est financé par les pétrodollars des émirats du golfe. Les saoudiens bénéficient d’une entrée quasiment libre sur le territoire américain et les membres de la famille royale rentreront sans encombre chez eux quelques jours après l’attentat.
Une guerre de civilisation
Les États-Unis, CIA en tête, on nourrit un monstre pour s’opposer à l’ennemi soviétique dans les montagnes d’Afghanistan. Mais l’URSS n’est plus, et le monstre lui, est bien vivant. Il fourbit ses armes sous la protection des talibans. Alors il faut que le feu américain s’abatte sur eux. L’appétit de vengeance, relayé, amplifié par les médias, ne doit pas s’arrêter là : l’Irak aussi est coupable.
Le monde occidental a prétendu apporter la civilisation, la liberté et la démocratie à ces peuples « arriérés ». Mais comme le disait le général De Gaulle : « On n’apporte pas la démocratie dans des fourgons militaires ». Et puis l’objectif était tout autre. Le pétrole est le sang qui irrigue nos sociétés industrielles. Pour garantir son extraction et les royalties faramineuses qui l’accompagnent, rien n’est négligé : le soutien permanent à toutes les pseudo-démocraties, le déchaînement guerrier et la planche à billets. À l’image de l’Afghanistan et de l’Irak qui, après avoir été écrasés sous les bombes et mis sous tutelle américaine, vont être inondés de milliards de dollars. Les seigneurs de guerre, les chefs de clans, les sociétés privées de mercenaires et le complexe militaro-industriel américain vont se gaver de billets verts.
Bilan : des fortunes envolées, une corruption endémique, des bandes armées et des trafics d’armes, de drogue, d’êtres humains. Aujourd’hui, le « grand frère américain » s’enfuit déclarant sa mission accomplie.
Combien de civils, de femmes, d’enfants ont été broyés par les armes, la famine et la maladie ? Et que leur réserve l’avenir ?
Depuis 1845, au nom de la « destinée manifeste » les États-Unis se donnent pour mission divine l’expansion de la « civilisation » dans le monde entier. Mais c’est l’ensemble du monde occidental qui se cache derrière ce faux-nez « humaniste ».
Au-delà de l’exploitation, des destructions et des carnages, l’arrogance et le mépris sont des ferments insidieux et puissants pour cultiver la haine. Alors « pourquoi nous détestent-ils tant ? »