Le 25 novembre prochain, la Fédération donne rendez-vous devant le siège du patronat de la métallurgie pour peser dans les négociations ouvertes sur l’avenir de nos conventions collectives. Mais un rassemblement devant le siège de l’UIMM à Paris peut-il vraiment changer le cours des événements ? Oui, si l’on en juge le résultat obtenu le 9 juin 2005 !

Une montée en puissance

À l’été 2004, le patronat entend profiter d’une récente loi qui fragilise la hiérarchie des normes. Des accords d’entreprise dérogeant aux conventions collectives de branche dans un sens moins favorable aux salariés sont désormais possibles. L’UIMM multiplie les sujets de négociations : salaires, qualifications, pénibilité, départs anticipés et autres garanties collectives. La Fédération y oppose ses propositions : grille nationale des salaires, droit à la retraite anticipée pour pénibilité, reconnaissance des qualifications, convention collective nationale de la métallurgie.

Début 2005, le ton monte. Le 1er février, un meeting organisé dans le patio de la CGT à Montreuil réunit mille métallurgistes. Quelques jours plus tard, 800 000 personnes défilent pour défendre les 35 heures hebdomadaires de travail. Un mois après, le 10 mars, une nouvelle journée groupe 1,4 million de manifestants, dont 180 000 métallurgistes. En Midi-Pyrénées, on recense 55 grèves dans la métallurgie, une quarantaine dans le Rhône, tandis que 500 grévistes de l’usine PSA Aulnay défilent à Paris.

Fin mars, le rendez-vous est fixé pour les métallurgistes au 9 juin, pour imposer une augmentation des salaires minis de 8 %, et l’abandon par l’UIMM de ses projets de remise en cause de la prime d’ancienneté, de la reconnaissance des diplômes, des jours fériés et des frais de déplacement. En attendant, l’action se déploie dans les entreprises pour syndiquer, faire signer la pétition fédérale et collecter la solidarité financière, relayée chaque semaine dans un encart spécial du Courrier fédéral.

« Un formidable point d’appui »

Le 9 juin, le pari est gagné ! 15 000 métallurgistes bousculent la quiétude de la très chic avenue de Wagram. Après une prise de parole, le cortège s’ébranle vers la place Saint-Augustin pour retrouver les Fédérations CGT Mines-Énergie, Textile, Chimie, Bois, Agroalimentaire, Verre-Céramique et Travailleurs de l’État et se diriger vers le palais Brongniart, siège de la Bourse (des valeurs). Devant ce lieu symbolique, l’avenir de l’emploi industriel est clamé haut et fort. Cette manifestation s’accompagne d’une centaine de débrayages et d’initiatives locales. À Toulouse, on se retrouve devant la préfecture, à Brest, un rassemblement obtient un conseil municipal consacré à l’avenir de la filière électronique.

La préparation du 9 juin a permis de se détacher du calendrier des directions d’entreprise. À cet égard, la consigne fédérale « le mandat syndical de ce mois de juin, c’est d’être à Paris » a eu de l’écho. Mieux, l’UIMM annonce le report des réunions prévues et finalement l’abandon de ces projets d’accords, à l’exception de celui sur les classifications. « Sans gagner de nouvelles conquêtes, un coup d’arrêt a été mis aux prétentions de l’UIMM. C’est en soi une victoire », analyse le Bureau fédéral.

Avec ce succès, les métallurgistes ont fait la démonstration qu’ils ne se laisseraient pas intimider, dans une période où, souvenez-vous, N. Sarkozy, ministre de l’Intérieur, promettait de nettoyer les banlieues au Kärcher. Tandis que L. Parisot, patronne des patrons s’étonnait : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » La réponse est dans la lutte !