Vous avez multiplié par 4 le nombre d’adhérents en un an. Quelle est votre recette ?
Il y a 4 ans, lorsque nous avons renouvelé l’équipe des élus, nous étions 10 ! Nous avons lancé, il y a un an, une grande campagne de syndicalisation avec le soutien de l’USTM. Celle-ci a été payante puisque nous sommes 80 syndiqués aujourd’hui. En fait, la solution pour faire des adhésions, c’est d’en faire une priorité. Une fois que la dynamique est lancée, elle porte ses fruits. Avant les salariés qui se syndiquaient ne souhaitaient pas que ça se sache, aujourd’hui, c’est le contraire !
Plus concrètement, qu’avez-vous mis en place pour favoriser cette dynamique ?
Nous nous sommes fixés des règles simples à partir du stage « direction syndicale » de la fédération. La première est de ne plus déposer de tracts sur les tables pour favoriser la discussion avec les salariés. La deuxième est de ne pas dénigrer les autres syndicats en mettant d’abord en avant notre démarche et notre travail.
Enfin, notre ligne de conduite est avant tout, de privilégier le terrain et de savoir être à l’écoute, Ecouter c’est être ouvert positivement à toutes les idées, à tous les sujets, à toutes les solutions, sans interpréter, sans juger, laissant à l’autre le temps et l’espace de trouver la voie qui est la sienne. Surtout, il faut commencer par écouter. Ce n’est pas toujours évident parce que nous avons tendance à parler de nous, ça prend du temps et il faut savoir accepter les reproches.
Parce que ce n’est pas une démarche innée, au bureau, nous avons un responsable qui suit spécifiquement les équipes de terrain. Nous avons divisé l’usine en plusieurs parties. Chaque élu est responsable d’un secteur et doit consacrer régulièrement un temps de ses heures de délégation pour aller voir aussi bien les salariés que les travailleurs sous contrats précaires. Et les camarades plus expérimentés accompagnent les nouveaux pour les former et ainsi multiplier les militants de terrain qui peuvent aller plus facilement au contact des salariés. Parce que c’est important de faire des adhésions, mais c’est mieux de les garder. Pour cela, il faut les former et les accompagner à prendre leur place dans l’activité militante !
Vous avez réussi à créer un véritable climat de confiance avec les salariés…
Bouger le rapport de forces pour faire gagner les revendications, voilà l’enjeu qui doit nous inciter à repenser nos priorités pour faire du syndicat le levier de l’intervention collective des salariés au service des intérêts collectifs et particuliers…
Il nous faut pour cela définir un fonctionnement et des responsabilités pour être pleinement une force organisée, démocratique et représentative sur le lieu du travail.
Par exemple, dès que nous sommes alertés sur un problème, nous remontons les questions des salariés en réunion de DP. Et dès la sortie, nous envoyons un compte-rendu « CGT » aux syndiqués et salariés pour lesquels nous avons récupéré les adresses mail personnelles. Si ce travail est apprécié, ils peuvent également mesurer les différences avec celui de la direction. On incite ainsi les syndiqués à s’emparer de ces comptes rendus pour relayer l’information auprès de leurs collègues. Cette démarche qui allie travail revendicatif et terrain est déjà payante dans le cadre de la préparation des élections. Ainsi, nous avons déjà trouvé des candidats pour élaborer nos listes paritaires !