Les salariés chinois aussi se battent contre l’argument de la compétitivité
« A travail égal, salaire égal » proclamaient 600 ouvriers, fin décembre, d’une filiale d’une compagnie pétrolière d’Etat Chinoise alors qu’ils manifestaient contre le recours à des agences d’intérim. Dans son édition du 19 décembre dernier, le journal « China Labour Bulletin» rapporte que centaines de travailleurs dits « auxiliaires » avaient été avertis qu’il serait mis fin à leur contrat de travail fin décembre, alors que certains avaient plus de dix ans d’ancienneté, et qu’ils devraient en signer un nouveau avec une agence d’intérim.
La différence ? Les entreprises d’Etat en Chine, se sont mises à recruter des salariés qui n’avaient plus la garantie de l’emploi et tous les avantages liés à ce statut (protection sociale, retraite, école, logement, etc.) au nom de la réforme et de la compétitivité ; elles ont recruté des employés « auxiliaires », moins payés que les ouvriers d’Etat (soit environ 200€ au lieu de 600) et avec une protection sociale au rabais. Néanmoins, ce statut reste meilleur que le contrat signé avec une agence d’intérim.
Mais comme la lutte pour la compétitivité ne connaît pas de limite, les entreprises d’Etat se débarrassent des obligations liées au contrat de travail en ayant recours à ces agences d’intérim. Le 1er décembre 2012, les ouvriers en cause se sont adressés à un cabinet juridique, qui leur a conseillé d’élire leurs délégués, de signer collectivement une pétition et d’entamer une négociation collective sous la houlette des syndicats de la ville et de la province. Le lendemain, 200 ouvriers s’adressaient par lettre à l’entreprise et aux syndicats officiels pour demander l’ouverture de négociations. Seule la fédération provinciale du syndicat officiel a répondu favorablement.
Alors que « le Quotidien des travailleurs », organe du syndicat officiel, condamnait quelques jours plutôt la rupture unilatérale des contrats de travail par l’entreprise d’Etat, le même journal annonçait le 18 décembre un recul de l’entreprise : l’inscription à une agence d’intérim ne se ferait que sur la base du volontariat. La revendication de longue date « A travail égal, salaire égal » restait posée et à négocier. Evidemment, cette affaire a soulevé d’immenses débats notamment sur la nécessité de recourir à la négociation collective pour traiter des deux revendications soulevées par les ouvriers.
La révision de la loi sur le contrat de travail va-t-elle changer les choses pour ce qui concerne le recours à ces agences d’intérim et la revendication «A travail égal, salaire égal » ? Le projet de révision, longtemps reporté, est actuellement en discussion au parlement ; il pose le principe que les entreprises recrutent directement et ne passent par les agences d’intérim que lorsqu’il s’agit de postes pour un travail temporaire, supplémentaire (pas plus de six mois) ou pour pallier des absences légales, selon l’agence officielle Xinhua (25 décembre). Mais rien n’est encore fait, car c’est l’Etat, par les entreprises d’Etat et les administrations publiques, qui a le plus recours aux agences d’intérim !
D’après une note du « comité droits ouvriers en Chine » du 18 février 2013