Selon le vieil adage, « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » et la question du temps de travail en France en est l’illustration parfaite. Les experts estiment que les évaluations du temps de travail sont à prendre avec précaution car il se mesure mal. Certains, de mauvaise foi, fustigent les 35h légales faisant fi de tous les travailleurs au « forfait ».
La France dans la moyenne européenne
Or les analyses européennes (OCDE et COE-Rexecode) montrent que le nombre d’heures travaillées chaque semaine par les français à temps plein est de 41 pour une moyenne européenne de 41,9. Ces mêmes études révèlent que la France compte 11 jours fériés dont le lundi de Pentecôte ce qui en réalité ne fait plus que 10 jours fériés chômés alors que la moyenne européenne est de 11,92. Sur le seul temps complet, la France se situe dans une moyenne basse. Ayant moins recours au temps partiel et si l’on fait la moyenne de tout cela, la France se trouve dans la moyenne européenne devant les scandinaves, les Pays Bas, l’Irlande, le Luxembourg… Les mêmes experts soulignent que les secteurs d’activité à plus forte productivité du travail sont ceux dont on a réduit le temps de travail.
Vers la réduction du temps de travail en Europe
En Suède, la municipalité de Göterborg, depuis 2014, est passée aux 30h hebdomadaires. Cela a permis de créer 14 emplois et une amélioration des services et du bien-être des salariés. La nouvelle majorité municipale conservatrice a mis fin à cet accord. Non loin de là, l’usine Toyota a adopté, depuis 13 ans, la journée des 6h sans jamais revenir dessus. Le site fonctionne ainsi 12h par jour en continu. Là encore, le directeur observe une productivité accrue !
Les Pays-Bas, en incluant les temps partiels, sont le pays où les habitants travaillent le moins puisqu’ils sont à 30h hebdomadaires. 50,4% des salariés sont à temps partiel même les dirigeants. Ce temps permet aux néerlandais de se consacrer à d’autres activités familiales, sociales et au volontariat. Les Pays-Bas invitent donc à nous interroger sur le lien entre temps de travail et cause des maux de l’économie française (comme l’ont prétendu tous les candidats à la primaire de droite).
En Allemagne, où cette question relève historiquement des partenaires sociaux, les branches professionnelles suivent les syndicats d’entreprises dont la revendication très généralisée est la réduction du temps de travail.
Revendication syndicale européenne
C’est dans ce contexte qu’IndustiAll Europe revendique, au niveau européen, une politique générale de réduction du temps de travail afin de réduire durablement le chômage de masse et faire face à la place grandissante de la numérisation.
Les organisations syndicales européennes rappellent que le secteur de la métallurgie a fait progresser, sur 3 années, le PIB de 3,7%. Sur la même période, l’emploi n’a pas progressé et les salaires pas d’avantage. En revanche, sur la même période les droits des salariés et des organisations syndicales ont été réduits et parfois très considérablement. Pour les organisations syndicales européennes, il y a nécessité à revenir à une plus grande justice sociale et une réelle redistribution des richesses.
De son côté, le patronat semble vouloir botter en touche en abordant la question du temps de travail sous l’angle du statut d’indépendant et la fin du salariat !