Les confédérations CCOO et UGT ont lancé en février un calendrier d’actions pour contraindre le gouvernement Rajoy et le patronat à avancer sur les salaires et la lutte contre la précarité. Les syndicats exigent que la croissance du PIB améliore les conditions de vie et de travail des salariés.

L’aggravation de la crise sociale
Les réformes du marché du travail de 2010 et 2011 du gouvernement Zapatero (PSOE) n’ont fait qu’amplifier la crise et ses conséquences sur les travailleurs au lieu de les combattre et d’inverser la situation.
Avec près de 19 % de la population active privée d’emploi (40 % chez les moins de 24 ans), le pays a le second taux de chômage le plus élevé d’Europe, alors que ce chiffre était inférieur à 10 % avant 2008. Ces chiffres, déjà inquiétants, ne reflètent pourtant pas la réalité, puisque la population active a diminué, de nombreux travailleurs renonçant à trouver un emploi et de nombreux jeunes décidant de poursuivre leurs études, quand ils ne quittent pas simplement le pays.
Les organisations syndicales revendiquent des emplois de qualité, l’augmentation des salaires et des pensions, l’accroissement de l’emploi public et un modèle économique basé sur l’industrie et les technologies.
Depuis la fin de l’année 2016, des mobilisations, des rassemblements, des grèves sont organisés régulièrement. Ceux-ci s’inscrivent dans le cadre de la campagne « L’Europe a besoin d’une hausse des salaires », lancée en février par la Confédération européenne des syndicats (CES) pour stimuler la croissance trop faible de l’économie européenne et lutter contre les inégalités.

Un patronat rétrograde
Le patronat espagnol répond par le chantage, en proposant de revoir la représentativité des syndicats, les crédits d’heures accordés aux représentants des salariés ainsi que l’exercice du droit de grève. Il réclame par ailleurs la liberté de l’entreprise en matière de formation, un assouplissement des règles en matière de contrats temporaires et d’embauches à temps partiel, la remise à l’ordre du jour d’un contrat jeune. Il ajoute enfin une baisse de cotisations sociales, une plus grande autonomie pour les mutuelles ou une loi imposant des services minima en cas de grève, dans le privé comme dans le public.
En réponse, les CCOO et l’UGT ont impulsé plusieurs manifestations et rassemblements devant les chambres patronales le 23 mars dernier. Le message envoyé à cette occasion a été clair : si le patronat ne revoyait pas sa position, la généralisation du conflit serait inévitable.
En parallèle, les confédérations poursuivent leur travail d’unification, avec la création d’une grande coalition sociale rassemblant des ONG, des partis politiques, des organisations étudiantes pour imposer l’abrogation des mesures qui ont permis la mise en concurrence des travailleurs. Le mois d’avril s’annonce donc décisif pour les travailleurs espagnols !