L’Europe doit aussi soutenir ses industries

« C’est avec émotion et en totale solidarité et fraternité que nous sommes avec vous aujourd’hui, répondant positivement à l’invitation qui nous a été faite à l’appel de votre organisation syndicale la CGTP.
Les liens étroits qui lient nos deux organisations dans luttes pour le mieux vivre des travailleurs de nos pays respectifs nous amènent, une fois n’est pas coutume, à des actes concrets de solidarité.
C’est donc par notre présence aujourd’hui parmi vous, que nous tenons à vous exprimer la totale solidarité de la CGT, de ses adhérents, et de la fédération de la métallurgie CGT au travers du soutien le plus fraternel dans votre lutte légitime contre la privatisation de votre chantier naval.
Votre mobilisation d’aujourd’hui témoigne d’une volonté à ne pas se laisser faire face aux attaques gouvernementales à remettre en cause votre statut et vos emplois en privatisant l’activité navale. Aujourd’hui dans toute l’Europe, la construction et la réparation navale est mise à mal, voire sabordée, tant par l’Europe que par nos gouvernements respectifs.
Si la CGT est aujourd’hui présente à vos cotés c’est parce que votre combat est légitime. Légitime car c’est le combat pour le maintien de l’emploi dans un pays qui depuis au moins 10 ans s’est vu détruire ses industries que cela soit dans la chimie, la pharmacie ou encore la sidérurgie.
Et aujourd’hui, l’Europe, via la Troïka, veut saborder l’industrie navale. Trop c’est trop ! La région de Viana do Castelo ne peut vivre que par une industrie forte. Le Portugal est un grand pays maritime.
Le chantier naval ENVC est un fleuron de l’industrie portugaise et il doit le rester.
Privatiser le chantier et répondre favorablement de la troïka européenne est une hérésie. En Europe, nous manquons de compétences dans le domaine de la navale.
Le chantier ENVC les maîtrise et il faut absolument qu’il les transmette aux jeunes afin de garder ses savoirs.
L’industrie navale est porteuse d’emplois et a de l’avenir en Europe et particulièrement au Portugal. 95% du transport du commerce de la planète se fait par voie maritime. Nous avons besoin de construire des navires plus sûrs pour nos équipages qui y travaillent et pour transporter les passagers. Nous avons besoin de construire des navires moins polluants pour notre planète.planète.
L’Europe doit aussi soutenir ses industries. Nous avons besoin de construire des navires plus économes en énergie pour préserver nos réserves d’énergies fossiles. Donc, il y a des navires à construire et il y aura toujours des navires à construire tant que la planète sera composée de 75% d’eau. L’accroissement des inégalités n’est pas une fatalité c’est le fruit du capitalisme. Aujourd’hui, il est doté d’une arme meurtrière : la Troïka ! Elle exige que nous privatisions le chantier sans aucun projet industriel, aucune garantie pour l’emploi, juste pour rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat.
Mais l’argent qui rentre aujourd’hui, va doubler ou tripler pour payer demain le chômage qui va sévir dans cette région.
Le Portugal doit aider ses industries, c’est primordial pour la dignité de ses habitants ! Le Portugal doit soutenir l’industrie navale car c’est une province qui en vit.
L’Europe doit aussi soutenir ses industries, notamment la navale des pays membres pour répondre aux besoins et faire face à l’anti-dumping social ! C’est tout l’inverse qu’impose l’Europe en exigeant la privatisation ici et en contestant les politiques de soutien de certains gouvernements qui maintiennent l’emploi dans des régions sinistrées. Privatiser, c’est perdre son indépendance, son autonomie et son savoir faire.
Mais aussi déréglementer les acquis sociaux aux seuls profi ts de la fi nance. Nous aussi, nous avons une situation qui se rapproche de la vôtre dans le devenir et la pérennité des chantiers navals en France. Nous sommes nous-mêmes encore en lutte dans notre pays pour notre activité et nos commandes.
Après une longue période de chômage qui dure encore, la lutte des salariés de STX à St Nazaire et Lorient, où je travaille, avec le soutien de la population, a permit de sensibiliser le gouvernement français afi n qu’il s’investisse et qu’il prenne les décisions et les dispositions nécessaires pour le maintien de la filière industrielle navale en France. Cette lutte a été marquée par un premier succès à la fi n de l’année dernière avec l’obtention d’un premier paquebot équivalent à 10 millions d’heures de travail et une option pour un second. Il en est de même pour la réparation navale, elle aussi très malmenée, voire abandonnée. Sans la mobilisation, là encore, de tous les salariés et de la population des régions concernées, de Brest à Marseille, de l’Atlantique à la Méditerranée, l’activité industrielle navale aurait disparu. Le maintien de la réparation navale est le fruit de la lutte des salariés et de leurs organisations syndicales.
Tous ont refusé la casse industrielle et le diktat fi nancier de la Troïka soutenue par des gouvernements où seul le profi t compte au détriment de l’emploi et la dignité humaine. Une lutte gagnante contre la privatisation, l’emploi et le développement de l’industrie navale, c’est tout ce que nous vous souhaitons.
La CGT sera toujours à vos cotés !
Comme on dit chez nous, on ne lâche rien; Tous ensemble, tous ensemble ! »