Camarades, de nouveau un président de la République vient au chantier de Saint-Nazaire. Celui-ci vient nous parler de renouveau industriel, de reprise de l’activité et de croissance.
Mais alors que le chômage est toujours aussi important dans la région, de quelle activité parle-t-il ?
Alors que nos salaires ne suffisent plus à vivre correctement, de quelle croissance parle-t-il ?
Alors que chaque jour, les conditions de travail se dégradent, particulièrement sur l’OASIS… et alors que l’emploi diminue dans chaque secteur, de quel renouveau industriel vient-il nous parler ?
Tout comme l’ancien président, celui-ci ne vient pas parler aux travailleurs de la région. En fait, on peut même dire qu’il s’en moque. Il vient parler au patronat, aux actionnaires, à ceux qui détiennent le Capital, qu’il arrose de cadeaux fiscaux par ailleurs, à notre compte. Ce gouvernement n’a pas de paroles assez mielleuses pour le MEDEF, et il n’a pas assez de paroles assez dures envers ceux des salariés qui défendent leurs intérêts.
L’exemple des salariés d’Air France est d’actualité et ne sort pas du sujet. Hier, des salariés se sont vu arrêter comme des criminels, dès 6H du matin au milieu de leur famille, de leurs enfants.
Deux chemises déchirées et une bousculade, d’un côté. En face : 2900 licenciements, froidement annoncés après des semaines de chantage odieux à l’emploi, un chantage comme on a pu le connaître ici à STX, avec l’accord compétitivité. Des milliers de familles qui se trouveront en difficulté, se cognant la tête sur les factures, les loyers ou les traites, les loisirs ou l’instruction des enfants qu’ils ne pourrons plus payer… de quel côté est la violence ?
Et bien nous disons à la CGT que la violence patronale ne doit plus durer ! Que les vociférations des politiciens de tout poil, de ceux qui se présentent de gauche jusqu’à l’extrême droite, contre les salariés qui sont à bout, qui n’en peuvent plus de subir et ne veulent plus se laisser faire, ces vociférations doivent cesser, tout comme les poursuites judiciaires à l’encontre de ces salariés.
La CGT apporte son soutien le plus entier aux salariés d’Air France.
Si je dis que je ne sors pas du sujet c’est aussi que l’État est au capital d’Air France tout comme il l’est dans celui de STX.
Et alors même que Hollande vient fièrement se féliciter d’un plan de charge de nouveau important sur le Chantier de Saint-Nazaire, il se garde bien de dire qu’il participe aux licenciements d’une quarantaine de nos collègues à STX Lorient, en ce moment même !
Au vu du plan de charge, ces licenciements pour motifs économiques sont aberrants et scandaleux ! La CGT continue de réclamer le maintien de tous les emplois à STX Lorient !
Mais la situation de l’emploi au chantier de Saint-Nazaire est tout aussi inquiétante si nous laissons courir les choses.
Car au lieu de prendre sérieusement à bras le corps le problème de l’emploi, la direction organise la casse des statuts sur le site, organise une concurrence entre les salariés sous-traitants, intérimaires et STX de plus en plus féroce.
La direction, avec l’appui de l’État, recours depuis des années à l’exploitation honteuse de salariés détachés, des travailleurs comme nous, qui tentent par le déplacement de gagner de quoi nourrir leur famille. La direction y trouve son avantage en tirant vers le bas les conditions de travail et les salaires, en multipliant les horaires décalés et les heures supplémentaires et en contournant le paiement habituel des cotisations sociales.
La CGT revendique au contraire l’embauche en CDI au meilleur salaire, au meilleur statut sur le site.
La direction prétend avoir recruté 400 CDI ces deux dernières années… c’est vrai. Mais ce sont plus de 300 salariés qui sont sortis de l’entreprise dans le même temps.
On aboutit en faisant les calculs à une constatation révoltante : Alors que la direction annonce 400 CDI, il y a eu l’équivalent de 46 suppressions de poste dans la catégorie ouvrière. Les embauches se sont fait essentiellement parmi les cadres et un peu parmi les techniciens. Et ce ne sont pas les quelques dizaines de recrutements à venir parmi les ouvriers qui changeront la physionomie de l’entreprise et la rajeuniront !
La CGT revendique un plan massif d’embauche de 600 ouvriers et 200 techniciens, pour revenir aux proportions des effectifs de 2002, époque comparable du point de vue du plan de charge.
Il y a en régie actuellement plus de 300 intérimaires sur le site, elle a formé ces dernières années plus de soixante apprentis et contrats pros… nous connaissons tous autour de nous des personnes privées d’emploi et qui ne demanderait qu’à être formés, sans parler de tous ceux qui sont déjà formés et expérimentés… alors qu’elle cesse de nous dire qu’elle ne trouve personne !
Qu’elle cesse aussi de nous dire que l’entreprise ne fait pas d’argent et qu’il n’y a pas d’augmentation de salaire possible. Dans n’importe quelle entreprise sous-traitante, faisant partie parfois de très gros groupes les mêmes arguments sont utilisés… mais aujourd’hui cela ne prend plus. Alors que des millions d’euros sont investis pour renouveler un parc de machines vieillissantes, il n’y aurait aucun argent pour les salariés du site ?
A ce compte nous nous retrouverons dans cinq ans à avoir sué du profit sans en avoir vu la couleur, et notre pouvoir d’achat continuera de baisser en même temps que notre temps de travail continuera d’augmenter, c’est inacceptable !
La réalité c’est que nous sommes devenus l’entreprise où le salaire de base est un des plus faibles des entreprises de la métallurgie du coin avec un écart pouvant aller jusqu’à 500 euros mensuels dans certaines professions ! La CGT réclame un rattrapage du pouvoir d’achat perdu ces dernières années par des augmentations de salaires conséquentes.
La CGT organisera début novembre des assemblées du personnel STX. Ce sera l’occasion de continuer la campagne autour des salaires et de l’emploi que nous avons engagé et d’en discuter avec les salariés de STX. Car nous sommes bien conscient et c’est aussi l’enjeu de ce débrayage, qu’il nous faudra renforcer le rapport de force tous ensemble, si nous voulons avoir des résultats à la hauteur de nos besoins.
De même la CGT Navale faisant partie de l’union des syndicats multi-professionnels, continuera par ses actions à défendre l’ensemble des travailleurs du site. Car c’est bien tous ensemble que nous pourrons inverser le rapport de force et imposer les revendications légitimes du monde du travail pour l’emploi, pour les salaires, pour l’amélioration des conditions de travail !
Je vous remercie de votre attention.