Le groupe ArcelorMittal vient d’annoncer le 22 janvier dernier, par voie de presse, la fin des négociations avec le groupe Altifort, dans le processus de reprise des sites de Ste Colombe sur Seine (Côte d’or) et Commercy (Meuse), appartenant à la branche Wire (tréfilage), sites lâchés par le groupe. Une annonce unilatérale et brutale, dans le dos de tout le monde, y compris celui de la direction d’Altifort !
ArcelorMittal (qui ne donne pas d’argument sur le fond) annonce avoir une autre piste pour un repreneur, soi-disant plus crédible à leurs yeux. Selon nos sources, il s’agirait en réalité d’un fonds de pension (logique de valorisation boursière à l’opposé d’une logique industrielle). Un candidat qui, en outre, ne reprendrait pas tout le périmètre, ni par conséquent tous les emplois.
Les tensions, dans ces négociations, concernent l’indemnité de remise en état des outils de production (prévue dans le contrat de cession), qu’Altifort réclame à ArcelorMittal. Une indemnité légitime étant donné la carence d’investissement ces dernières années par le groupe dans ces deux sites.
On ne peut pas concevoir qu’un différend autour de cette question puisse faire avorter ce projet de reprise qui était parfaitement engagé. Toutes les pistes doivent être étudiées !
Les sites de Ste Colombe et Commercy sont deux débouchés importants pour l’aciérie d’Ascoval (Hauts de France), reprise par le même groupe Altifort, lequel prévoie la création d’un laminoir à fil adossé à l’aciérie. Avec les sites de Ste Colombe et Commercy (spécialisés dans le fil d’acier), nous avons ainsi une cohérence industrielle. On appelle cela une « intégration verticale » dans le jargon sidérurgiste.
La reprise d’Ascoval par Altifort aura été l’un des dossiers brulants et emblématiques pour la sidérurgie et l’industrie française, tout au long de l’année passée. Le Ministre de l’Economie lui-même a été acteur dans cette opération de reprise du site, malgré tous les coups fourrés de la multinationale qui le co-détenait, en l’occurrence Vallourec.
Après l’annonce de fin d’année de non relance des hauts fourneaux de Florange (alors que la demande d’acier est là, condition initiale du redémarrage prévue dans l’accord Mittal – Etat français de 2012), le groupe ArcelorMittal mettrait-t-il donc sciemment en péril ces deux sites, les 118 salariés (directs) et leur famille, ainsi que de très nombreux emplois indirects (rapport de 3 indirects pour 1 direct reconnu dans la métallurgie) dans les deux bassins d’emplois concernés.
Alors que Lakshmi Mittal a été reçu le 21 janvier dernier à Versailles par Emmanuel Macron, la CGT appelle le gouvernement à intervenir et à interférer auprès du groupe. La Fédération des Travailleurs de la Métallurgie a sollicité Bruno Le Maire à cet effet, par courrier en date du 24 janvier.