Pour cette année encore, les entreprises du CAC 40 on vu leurs résultats grimper. Elles enregistrent un chiffre d’affaires de 1 300 milliards d’euros, soit plus de la moitié du PIB de la France. Leurs bénéfices ont atteint 94 milliards d’euros, en progression de 22 % sur 2016. Les dividendes du CAC 40 représentent 51 milliards d’euros versés en 2017, plus que le déficit public annuel du budget de la France.

Alors que les entreprises ont retrouvé leur niveau de rentabilité préalable à la crise financière avec des bénéfices qui ont augmenté de plus de 60 % depuis 2009, les richesses créées par les travailleurs sont de plus en plus dirigées vers les détenteurs de capitaux et les hauts revenus, ce qui augmente les inégalités et la frustration du monde du travail. Les entreprises exercent une pression à la baisse sur les salaires en leur sein et dans leurs chaînes d’approvisionnement et multiplient les techniques pour échapper à l’impôt, y compris en utilisant les paradis fiscaux.
La capacité d’investissement des entreprises est souvent sacrifiée pour satisfaire la rémunération des actionnaires, ce qui peut fragiliser sur le long terme la bonne santé économique des entreprises françaises. D’ailleurs, en une quarantaine d’années, l’importance de notre appareil industriel a été amputé de moitié, réduisant considérablement les recettes fiscales de l’État et condamnant le pays à des taux de chômage très élevés difficiles à réduire. En 1975, les effectifs du secteur industriel étaient de 6,2 millions de personnes, et ce chiffre est tombé à 2,7 millions aujourd’hui. En effet, le regain d’activité ne profite quasiment pas à l’emploi ni à l’investissement. Dans la quasi-totalité des filières de notre branche, l’emploi ne cesse de reculer à l’exception de l’aéronautique et l’investissement des entreprises est en recul en 2017, à son plus bas niveau depuis 2007 et n’a représenté que 6 % du chiffre d’affaires.

Une économie en faveur des riches
En 2017, d’après le rapport d’Oxfam, 82 % des richesses créées dans le monde ont bénéficié au 1 % des plus riches, alors que les 50 % les plus pauvres n’en ont reçu que des miettes. En France, les 10 % les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres ne se partagent que 5 % de cette richesse.

Une économie de plus en plus aux pouvoir des actionnaires
La structure du capital de nos plus grandes entreprises a fortement changé. Depuis plus de 20 ans, les entreprises sont de plus en plus liées au marché financier et aux détenteurs du capital. Le rapport d’Oxfam indique que leur taux d’endettement a fortement baissé – de 53% en 2006 à 36 % en 2016 – les actionnaires ont pris une place prépondérante et sont même désormais considérés juridiquement comme les seuls propriétaires de l’entreprise. Les banques ne jouent plus leur rôle d’intermédiation financière dans l’économie française.

Évasion fiscale, un manque à gagner pour notre économie
Les paradis fiscaux facilitent toutes les déréglementations : plusieurs rapports ont observé que 50% des transactions financières internationales ne sont soumises à aucune forme de supervision et de régulation, ce qui provoque une spéculation et une circulation des capitaux risquées qui échappent à tout contrôle et imposition. De ce fait, les investissements dans des territoires réglementés sont en diminution. Là aussi, Oxfam pointe du doigt ce problème. Les entreprises du CAC 40 détiennent 1 454 filiales dans les paradis fiscaux en 2016, soit 20 % de plus qu’en 2008. Environ deux tiers des entreprises du CAC 40 ne déclarent pas leurs filiales de manière exhaustive en 2016, y compris dans les paradis fiscaux, et seulement 14 d’entre elles déclarent présenter la liste complète de leurs filiales.
Des écarts de salaire de plus en plus important
La question de la rémunération des dirigeants est depuis des années au centre des débats. En effet, de très nombreux scandales, en France et dans le monde, ont marqué l’histoire sur ce sujet. D’après ce même rapport, en 2016, les PDG du CAC 40 gagnent en moyenne 257 fois le SMIC et 11925 fois plus que la moyenne de leurs salariés au sein de leurs entreprises alors que ce dernier écart était de 96 en 2009.

Le coût du capital, la CGT le dénonce depuis longtemps
A travers sa campagne sur le coût du capital, la CGT dénonce cette réalité économique depuis longtemps. De l’argent, il y en a dans les entreprises, le rapport d’Oxfam le prouve encore une fois, les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Les dividendes ont été distribués avec grande générosité. Et pour s’en convaincre un peu plus, si les dividendes étaient restés à un niveau constant depuis 2009, les entreprises auraient pu augmenter les salaires de 14 000 euros par salarié sur la période 2009-2016.