Le mouvement social vient de perdre un militant d’envergure, acharné dans ses convictions, toujours ouvert au dialogue et à l’échange et sans doute l’un de ses plus attachants.
Heureux ceux qui ont pu entendre sa voix faite d’assurance et de douceur.
Enfant du XXe arrondissement de Paris, Henri était une des figures de cet Est Parisien populaire et industriel.
Fils d’émigrés juifs polonais, il échappa de peu, à 12 ans, avec ses parents, à la rafle du Vel-d’Hiv.
Tout d’abord pareur de peaux avec son père, il devient fraiseur à la fin des années quarante, chez RICHARD dans le XIXe, puis à la SNCASE à la Courneuve et enfin à la SOMUA de Saint-Ouen. Henri prendra toute sa place au cœur des luttes et de la solidarité des métallos parisiens.
Adhérent aux Jeunesses Communistes en octobre 1944, dont il assura la direction parisienne par la suite. Son engagement politique lui valut de connaitre la prison à 19 ans, pour s’être opposé à la guerre d’Indochine en se couchant, avec ses camarades, devant les cars de police.
Déterminé et organisateur, il prend toute sa place dans les luttes contre la guerre froide, les guerres coloniales et l’instauration du régime gaulliste de la Ve République.
En 1961, il devient le plus proche collaborateur du secrétaire général du Parti Communiste, Waldeck Rochet.
Chargé du secteur des intellectuels au bureau de la fédération communiste de Paris, il dirige, en mai 1968 l’activité du PCF au quartier latin.
Directeur adjoint de France Nouvelle, il fut également directeur, dès sa reparution, du journal communiste Regards en 1995.
Membre du comité central du PCF depuis le XXe congrès de décembre 1972, il fit des interventions très remarquées notamment sur la répression dans les pays de l’Est ou le centralisme démocratique.
Ardent défenseur de la dimension populaire de son XXe arrondissement natal, de sa diversité, de sa mixité et de sa capacité de mélange et d’intégration, il mena le combat contre la désindustrialisation de Paris et les expulsions, refusant un Paris centre financier, touristique et commercial de luxe devenant « une Venise qui ne serait plus la capitale de la France ».
Les combats ne manquaient pas. Henri n’en refusa aucun, assoiffé de justice et de dignité pour tous.
En 1995, ceint de son écharpe d’élu et en tant que président du groupe communiste à l’Hôtel de Ville de Paris, il manifesta en tête de la Gay Pride contre l’homophobie.
Il fut cofondateur en 1997 du comité Tlemcen chargé de collecter les noms des enfants juifs déportés durant l’Occupation et de rappeler leur mémoire par l’apposition de nombreuses plaques commémoratives dans les écoles.
En 2000, devenu responsable de la commission « Justice » du Parti Communiste, il travailla sur la question des prisons, les conditions de détention et le sort des détenus notamment des anciens d’Action Directe et des indépendantistes basques.
Président de la société des lecteurs et lectrices de L’Humanité il accepta également en 2007 la présidence de l’association Ciné Archives en charge de la préservation et de la diffusion des œuvres audiovisuelles portant sur le monde ouvrier.
Ces dernières années, Henri s’était investi dans le groupe de travail sur la mémoire du Parti Communiste. Il publia à cette occasion deux ouvrages sur son parcours militant mais résolument orientés et articulés sur la construction d’un avenir pour les communistes et leur parti.
Tout au long de son existence, notre camarade Henri Malberg a été habité d’ambition pour le mouvement social et le monde ouvrier. Nul ne pouvait rester insensible à son verbe lorsqu’il évoquait avec émotion les grandes luttes et les grandes joies de son parcours militant.
Nous serons nombreux, samedi 22 juillet, à l’accompagner en haut du cimetière du Père-Lachaise, à quelques pas de ce mur où sont tombés nos ainés.
Merci à toi Henri. Ta voix, si douce et profonde, renforcera longtemps notre conviction au fil des luttes sur le pavé parisien.