Le texte reproduit ci-dessous est le communiqué de presse de l’Institut CGT d’histoire sociale daté du 14 août 2016.

Georges Séguy à La Courneuve (1974) © Y. Lorant | coll. IHS CGT métallurgie

Georges Séguy à La Courneuve (1974) © Y. Lorant | coll. IHS CGT métallurgie

Georges Séguy, secrétaire général de la CGT de 1967 à 1982, est décédé le samedi 13 août 2016.
Il avait 89 ans. Nous sommes douloureusement touchés.
Face à la maladie et aux drames de la vie, Georges a résisté jusqu’au bout de ses forces.
A Toulouse, sa ville natale, devant les délégués du 50e Congrès de la CGT il avait lancé : « il ne suffit pas de s’indigner, il faut aussi résister ! ». Résister fut en effet sa ligne de conduite depuis ses 15 ans jusqu’à son dernier souffle de vie.
A peine revenu de l’enfer de Mauthausen, embauché à la SNCF, il adhère à la CGT où ses camarades lui confient des responsabilités.
Dirigeant national du Parti communiste français à partir de 1954, c’est en 1967, au 36e Congrès, qu’il est élu Secrétaire général de la Confédération générale du travail.
Il a marqué sa période par sa clairvoyance politique, son sens aigu de la synthèse, ses répliques cinglantes non dépourvues d’humour.
Attaché à l’unité de la classe ouvrière il a veillé à tenir compte des évolutions tant socioprofessionnelles que celles des process de travail.
Il n’a jamais accepté la division syndicale, dans un contexte souvent difficile il a tenté de trouver des voies unitaires.
Il a plaidé pour plus de démocratie dans la CGT pensant ainsi renforcer son indépendance. Les profondes modifications auxquelles il aspirait ont mis du temps à se concrétiser.
En 1982, à 55 ans, l’âge de la retraite des cheminots, contre toutes les habitudes, il quitte le secrétariat général de la CGT.
Il fonde alors l’Institut CGT d’histoire sociale, dont il était encore Président d’honneur.

A la tête de l’association il a œuvré pour un travail rigoureux sur l’histoire de la CGT, refusant une histoire officielle ou instrumentalisée.
Soucieux de recherches plurielles il a ouvert les portes aux scientifiques : historiens, politologues, économistes, sociologues, juristes…
Il a veillé à la conservation des archives de la Confédération en signant, dès 1982, une convention de dépôt avec les archives départementales de Seine-Saint-Denis.
Aimant à dire que : « contrairement aux paroles de la chanson, du passé, il ne faut pas faire table rase », depuis 1982 il n’a eu de cesse de montrer combien l’expérience de la CGT, avec ses ombres et ses lumières, est riche pour le présent.
Il a ouvert la voie à un réseau d’instituts d’histoire sociale territorial et professionnel.
Nous pleurons un dirigeant historique qui, à la suite de Benoit Frachon, a su, en dépit d’un contexte politique et économique marqué par les crises, mettre la CGT sur le chemin de la réflexion et des évolutions. Pour un syndicat « novateur, audacieux, conquérant » auquel il tenait tant.
Nous pleurons aussi un camarade chaleureux, fraternel, aimant à rire et à chanter.
A Michel, à Dany, à sa sœur Denise, à ses petits-enfants, à toute sa famille nous adressons nos condoléances les plus fraternelles et affectueuses condoléances.

Montreuil le 14 août 2016