Henri Rollin est né le 14 septembre 1931 à Sartrouville (Yvelines). Certificat d’études primaires en poche, il est embauché en septembre 1945 comme apprenti pour trois ans à l’usine Ford de Poissy (Yvelines), après avoir réussi un concours organisé par l’usine quelques semaines plus tôt.

Son père, maçon, fils de maçon, avait épousé la fille d’un terrassier-puisatier, qui était devenue serveuse. La famille avait été durement éprouvé par la crise des années trente et la Seconde Guerre mondiale.

En 1946, il a adhéré à l’Union de la Jeunesse Républicaine de France (UJRF) et a participé à sa première grève l’année suivante. Après avoir obtenu son certificat d’aptitudes professionnelles d’ajusteur-outilleur, il est embauché en septembre 1948 à la réparation des machines de l’outillage. Il a adhéré immédiatement à la CGT, avant de rejoindre le Parti communiste français (PCF) l’année suivante.

Il a effectué son service militaire dans la Marine, comme mécanicien à bord de l’Odet qui cabotait le long des côtes françaises et africaines.

En septembre 1953, de retour chez Ford Poissy, il a refusé d’être réembauché comme ouvrier spécialisé en fabrication du bloc moteur. Après quelques mois à travailler dans le bâtiment, il a trouvé à s’embaucher dans de petites entreprises de la métallurgie de Sartrouville, Maisons-Laffitte et Bezons.

Le rachat de l’usine par Simca en 1954 s’accompagne d’un durcissement des méthodes managériales et l’apparition de milices anticégétistes et anticommunistes, comme le groupe « Paix et Liberté » ou le syndicat « indépendant ». Harcèlement, intimidations, violences physiques et verbales, manipulations deviennent le lot quotidien des militants. Trois ans plus tard, le syndicat CGT ne compte plus que douze adhérents. Connaissant la situation, Henri Rollin s’est présenté à l’embauche à l’usine Simca de Poissy. Il est recruté le 3 février 1958 comme ajusteur-outilleur P3. Dans la clandestinité tout d’abord, il a remis sur pied une organisation syndicale, avant de se présenter officiellement en tête de liste pour les élections au comité d’établissement en avril 1960. Malgré les pressions et les trucages, la CGT obtient 1 214 voix et Henri Rollin est élu au comité d’établissement. La même année, il est élu secrétaire du syndicat CGT de l’usine.

Dans le contexte de la guerre d’Algérie et des attentats de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), Henri Rollin et les militants CGT de l’usine Simca-Chrysler de Poissy sont parvenus, parfois au péril de leur vie, à maintenir l’activité syndicale et à engranger des victoires contre les licenciements, pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail, pour la défense des libertés.

En 1966, il a quitté l’usine. Devenu permanent, il a été élu secrétaire général de l’Union départementale CGT des Yvelines, dont le congrès constitutif s’est tenu en décembre. Il a été en première ligne durant les grèves de mai-juin 1968. Il a occupé ce mandat durant onze années.

En 1977, Henri Rollin a fait paraître, avec la collaboration de Dominique Decèze, un récit de son expérience aux Éditions sociales, sous le titre Henri Rollin : militant chez Simca-Chrysler. Il y relate la mainmise du syndicat pro-patronal Confédération Française du Travail (CFT) sur le personnel, la milice chargée de faire régner l’ordre dans l’usine et de faire la chasse aux militants syndicaux et politiques, les méthodes patronales pour augmenter la production et contrôler la main-d’œuvre. L’ouvrage paraît peu de temps après l’assassinat, le 6 juin 1977, de Pierre Maître par un commando de la CFT sur un piquet de grève devant les Verreries Mécaniques Champenoises à Reims. Le jour des obsèques de Pierre Maître, Nora Trehel prend la parole dans l’usine de Poissy devant plusieurs centaines de personnes rassemblées à l’appel de la CGT.

Henri Rollin a eu par la suite des responsabilités au sein de l’Union des Mutuelles d’Ile-de-France (UMIF), en tant que président, ainsi qu’au bureau de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD), dont il a été le trésorier.

En 2015, l’Union départementale CGT des Yvelines a baptisé la salle de réunion du rez-de-chaussée dans son local, à Trappes (Yvelines) de son nom. Un an plus tard, à l’occasion du 50e anniversaire de  la création de l’Union départementale, Henri Rollin déclarait : « Je sais qu’aujourd’hui il y a toujours des atteintes aux libertés. Je pense qu’en aucune manière nous ne pouvons les admettre et laisser faire. Ce n’est pas normal qu’on porte atteinte aux libertés des ouvriers. »

Henri Rollin nous a quittés le 16 avril 2022. La meilleure manière de lui rendre hommage est de tenir cet engagement !