Communiqué de presse de la CGT métallurgie, la CGT Cheminots

et des Unions départementales CGT du Nord et de Moselle


L’annonce de la mise en redressement judiciaire de British Steel, outre l’angoisse pour nos collègues sidérurgistes anglais, a de nouveau semé le doute sur la solidité de l’opération de reprise d’Ascoval St Saulve. Une annonce qui vient impacter un autre site français, celui d’Hayange, en Moselle, détenu par British Steel.

Le redressement judiciaire ne concerne que le périmètre anglais. Ascoval est détenu par Greybull Capital (l’actionnaire de British Steel) et Hayange par British Steel Rail France.

Les salariés d’Hayange fabriquent des rails de haute qualité pour des lignes de chemin de fer, de tramway ou de métro. Hayange est aujourd’hui livré en « blooms » (barres d’acier) par le site British Steel de Scunthorpe, en Angleterre.

Autrement dit, si l’usine anglaise de Scunthorpe ne trouve pas très rapidement une nouvelle stabilité financière, Hayange doit trouver une alternative pour être livré en acier brut.

Dans le nouveau projet industriel d’Ascoval (désormais dénommé « British Steel St Saulve »), il est prévu d’alimenter également le site d’Hayange en barres d’acier brut, d’ici environ un an, après des modifications techniques sur l’aciérie (mais aussi d’alimenter le site hollandais d’Alblasserdam (FN Steel) aux Pays Bas, appartenant à … British Steel.

Ce projet de livraison en demi-produits d’Hayange par St-Saulve a été consolidé par un accord trouvé avec la SNCF, pour la prolongation sur plusieurs années de ses commandes de rails à Hayange. En effet la commande publique, avec le fort volume de voies nouvelles ferroviaires, par exemple en Ile-de-France avec le Grand Paris express, nécessite d’avoir un outil de production en capacité de fournir des rails de qualité, garant d’une sécurité de haut niveau. Ajoutons à cela le projet industriel de recyclage des rails (pour alimenter, en partie, en matière première, l’aciérie de St Saulve) qui s’inscrit dans une logique d’économie circulaire et de circuit court, répondant aux enjeux environnementaux.

Voici donc la relation croisée et l’interdépendance entre les sites de St Saulve et d’Hayange, mais aussi les enjeux de fond posés sur l’industrie nationale et la réponse aux besoins.

Dans ce contexte, et au vu des intérêts stratégiques entre la sidérurgie et le ferroviaire, le gouvernement français peut-il rester spectateur de la procédure de redressement judiciaire de British Steel, au risque d’une rupture, du jour au lendemain, de la chaîne d’approvisionnement et de la qualité d’acier ?

La piste de la nationalisation, ne fusse que temporaire, qui avait été à deux doigts d’être décidée pour Florange en 2012, doit être posée.Des choix politiques doivent être faits en matière de politique industrielle. On ne peut pas décréter que la sidérurgie est stratégique pour notre industrie (tout comme le ferroviaire), et lâcher nos capacités de production, nos compétences et nos brevets aux multinationales.

C’est ce qui a été fait en France depuis 95 et on en mesure le résultat aujourd’hui : Vallourec, Ascométal, Arcelor, c’est la fuite en avant ! L’Etat doit reprendre la main sur les stratégies, plutôt que d’intervenir, au coup par coup, et de manière défensive, lorsqu’un site est menacé par une multinationale, dont la règle d’or est la rentabilité à deux chiffres pour l’actionnaire et le court terme.