Dans un peu moins d’une année, en février 2021, la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie organisera son 42e congrès à Montpellier. N’en déplaise au patronat et aux possédants, notre organisation est toujours debout, plus de cent-dix ans après le congrès d’unification de mai 1909. Ce qui n’était pas gagné d’avance, notre riche histoire peut en témoigner !

Un congrès, pour quoi faire ?

Temps fort de la vie syndicale, le congrès est l’occasion de débattre, à tous les échelons, du bilan d’activité et des revendications de l’organisation. C’est un moment intense de partage d’expériences et de formation pour les délégués, ainsi que d’expression des solidarités territoriales, professionnelles et internationales. Le congrès est souverain pour adopter les orientations de la fédération, pour décider des règles de vie retranscrites dans nos statuts, pour analyser notre fonctionnement et tirer le bilan de la direction fédérale, avant d’élire une nouvelle équipe de dirigeants. N’oublions pas enfin que le congrès possède une forte dimension symbolique car, en réunissant plusieurs jours durant des centaines de délégué·e·s en un même lieu, il est en quelque sorte une démonstration de force, l’expression concrète de notre diversité et de notre engagement.

Les congrès phares

Ce seul article ne saurait suffire à dresser un panorama exhaustif des congrès passés, aussi concentrons-nous sur cinq incontournables.

Le congrès d’unité, tenu en mai 1909, acte la naissance de notre fédération. Celle-ci est le fruit de la réunion en son sein de fédérations plus anciennes regroupant les salariés sur la base de leur métier. Les ouvriers du cuivre, les chauffeurs-conducteurs, les mouleurs et les modeleurs conjuguent ainsi leurs forces, avant d’être progressivement rejoints par les ferblantiers, les mécaniciens, les ouvriers en voitures ou encore, derniers arrivés, ceux du bijou et de la joaillerie en 1973.

En novembre 1936, le 13e congrès fédéral est celui de la réunification des deux tendances de la CGT, divisée depuis 1921 par des divergences revendicatives et de modes d’actions. Alors que la vague de grèves de mai-juin, après la victoire du Front populaire aux législatives,  permet l’obtention de conquêtes sociales importantes, comme les congés payés ou les conventions collectives, tandis que le nombre de syndiqués s’accroît considérablement, passant en quelques mois de 40 000 à 800 000 dans la métallurgie !

Alors que la répression du gouvernement s’intensifie à l’encontre de ceux luttant contre les guerres de décolonisation (Algérie, Indochine et bientôt Viêtnam), le 20e congrès fédéral de Nantes, en novembre 1956, insiste sur la prise en compte des particularités. L’heure n’est plus aux mots d’ordre généraux et abstraits, mais à une déclinaison des revendications, en fonction des territoires, des branches industrielles et des catégories (jeunes, femmes, immigrés, employés, ingénieurs, cadres et techniciens).

Organisé à Grenoble en février 1971, le 27e congrès fédéral entend faire fructifier les fruits de mai-juin 1968. L’objectif d’une convention collective nationale pour l’ensemble des métallurgistes favorise la convergence des luttes et l’obtention de nouveaux droits, comme la mensualisation, la formation professionnelle ou encore la grille de classifications.

Le 33e congrès fédéral à Nanterre, en mai 1990, s’inscrit dans le renouveau des luttes, alors que la liquidation de l’outil industriel se poursuit. L’heure est à l’offensive et les salariés de la Snecma (1988), puis ceux de Peugeot Mulhouse et Sochaux (1989) ouvrirent la voie à d’autres victoires, comme pour le maintien de la prime d’ancienneté ou lors de l’hiver de la colère, en 1995.

Dans le contexte actuel de luttes rarement aussi fortes, intenses et déterminées contre les remises en cause du droit du travail et de la protection sociale, du projet de l’UIMM de démanteler nos garanties collectives et de l’attaque sur le régime de retraites par répartition, faisons en sorte que notre fédération tienne toute sa place au cœur des combats de ce nouveau siècle. À nous de faire de notre 42e congrès un rendez-vous historique et un outil de plus sur le chemin de la dignité et de l’émancipation des salariés et citoyens du XXIe siècle.