Antoine Vernet soutiendra sa thèse intitulée « Les disciplines de l’industrie. Le patronat métallurgique et la formation organisée des travailleurs dans la région de Saint-Étienne (1865-1954) » le vendredi 30 novembre 2018 à partir de 14 heures, dans les locaux de l’École normale supérieure de Lyon, site Descartes, salle D2 018.

Composition du jury

Anne DALMASSO, professeure des universités, Université Grenoble Alpes, examinatrice
Renaud D’ENFERT, professeur des universités, Université Jules Verne Picardie, rapporteur
Hervé JOLY, directeur de recherche CNRS, UMR 5206 Triangle, directeur
Pierre LAMARD, professeur des universités, Université de technologie de Belfort-Montbéliard, rapporteur
Françoise F. LAOT, professeure des universités, Université de Reims Champagne-Ardennes, examinatrice
Serge PAQUIER, professeur des universités, Université Jean Monnet Saint-Étienne, co-directeur

Résumé de la thèse

La formation des travailleurs présente, à l’intersection des politiques publiques et de l’action privée, un objet potentiellement conflictuel. Le développement d’une offre différenciée s’est appuyé sur la détermination d’objectifs négociés. Les modalités de la préparation au travail divergent selon les branches professionnelles et les conceptions patronales des savoirs nécessaires à la production industrielle et à son organisation. L’offre publique et l’offre privée se sont tantôt opposées, tantôt complétées, afin de répondre à l’ensemble des besoins en compétences. Le cas des industries métallurgiques et mécaniques de la région de Saint-Étienne permet d’étudier les motivations et rapports de forces à l’œuvre. Depuis le Second Empire, l’offre de formation ne cesse de se développer. La pérennité de ces réalisations se révèle au départ fragile, par sa dépendance à l’initiative municipale ou à l’action collective privée. L’œuvre scolaire de la Troisième République modifie la donne. Le développement, à partir de 1879, d’une offre municipale d’enseignement technique suscite la réaction du clan clérical, soutenu par les bourgeoisies catholiques locales. L’évolution de ces deux offres s’explique par une différenciation dans les objectifs de ces formations scolaires entre, d’une part, savoirs scientifiques et techniques et, d’autre part, objectifs moraux et hiérarchiques. À travers ces différentes stratégies patronales, entre externalisation et intégration de la fonction formation, la préparation d’une élite ouvrière tend à placer la question de l’autorité au cœur du dispositif. Lors du début du XXe siècle, l’institutionnalisation des cours professionnels, en tant que support de l’apprentissage ouvrier, s’inscrit dans la continuité de la scolarisation des décennies précédentes. La montée de la conflictualité ouvrière, l’évolution des techniques de production et de leur organisation donnent une importance nouvelle aux compétences scientifiques et techniques. Le patronat, soucieux de ses prérogatives dans le domaine des relations sociales, tente de limiter l’intervention de l’État. La taxe d’apprentissage en est un exemple remarquable. L’offre de formation ouvrière, publique comme privée, est confortée dans ses fonctions par les dirigeants de la métallurgie. Les innovations institutionnelles demeurent faibles, jusqu’au difficile développement des formations professionnelles accélérées à la fin des années 1930. La Seconde Guerre mondiale confirme l’intérêt des employeurs pour des filières moins engoncées dans les normes de l’Éducation nationale. L’étatisation de l’apprentissage ouvrier traduit cependant, après la Libération, le ralliement du patronat métallurgique à la forme scolaire, publique comme privée.

Informations pratiques

La soutenance est publique et il suffit pour cela de prévenir de sa venue par mail (vernet.antoine@hotmail.fr)

Pour vous rendre à l’ENS de Lyon : http://www.ens-lyon.fr/campus/en-pratique/se-rendre-lens

Pour localiser le bâtiment D2 au sein du site Descartes : http://www.ens-lyon.fr/sites/default/files/2018-07/Descartes_full_500x353_0.jpg