C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Roger Silvain, survenu le 4 juillet 2021.
Né le 24 juillet 1931 à Chaville (Hauts-de-Seine), son père était un résistant, avant de s’engager dans l’armée française de Libération jusqu’en juillet 1945. Titulaire du CEP, Roger Sylvain a intégré l’école de formation professionnelle Renault en 1946. Après avoir obtenu son CAP trois ans plus tard, il est embauché à l’atelier de l’artillerie, à la réparation des machines-outils. Son service militaire, qu’il a effectué au Maroc en 1952, l’a profondément marqué, après avoir « découvert des choses révoltantes, notamment au niveau du travail des enfants ».
Ouvrier ajusteur, il a adhéré au syndicat CGT en 1960 et au Parti communiste français (PCF) en 1962. Élu délégué du personnel en 1963, il intègre le bureau du syndicat CGT Renault Boulogne-Billancourt en 1964, puis l’année suivante le secrétariat. Lors des grandes grèves de mai-juin 1968, Roger Silvain est en première ligne, en tant que secrétaire à l’organisation du syndicat. Un mois durant l’usine a été occupée.
Entre 1971 et 1976, il est élu secrétaire général du syndicat CGT Renault Boulogne-Billancourt et délégué syndical central CGT. Il est élu au comité exécutif fédéral de la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie (FTM-CGT) du 27e congrès (février 1971) au 29e congrès (novembre 1976). Il y a assumé notamment la responsabilité de la branche automobile et a, à ce titre, participé à de nombreuses délégations, en Amérique du Sud, en Union soviétique ou encore au Canada.
En 1976, il est élu secrétaire du comité central d’entreprise de la Régie nationale des usines Renault, avant d’être, en mai 1981, désigné comme administrateur salarié au conseil d’administration, mandat pour lequel il est élu en mars 1984. Il est là encore en première ligne, dans une période difficile : contre la fermeture de l’usine de Billancourt, pour la production d’un petit véhicule populaire, avec le projet de « Neutral » porté par la CGT, pour les libertés syndicales, avec la lutte des « Dix » de Renault-Billancourt.
En décembre 1987, il a pris sa retraite et a poursuivi son engagement. Il a ainsi gagné son procès en 2001 pour discrimination antisyndicale contre le groupe Renault.
En 1998, il a quitté le PCF et a rejoint vingt ans plus tard le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF). Il a été l’un des membres fondateurs du Front syndical de classe (FSC) en 2009, dont il a été le président.
Il est l’un des membres fondateurs de l’Association des anciens travailleurs de Renault-Billancourt de l’Ile Seguin (ATRIS) en 1998, dont la mission est de cultiver la mémoire individuelle et collective du travail et des luttes dans l’entreprise. Il était également adhérent à l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie. En 2018, à l’occasion du cinquantenaire de Mai-Juin 68, Roger Silvain avait témoigné à de nombreuses reprises, dans les médias comme lors de notre traditionnel débat précédant le repas des anciens.