Interview de Jérome Delmas, syndicat CGT Ratier Figeac
Après le résultat insatisfaisant des élections 2015, avez-vous attendu le dernier moment pour préparer 2017, quelle activité syndicale pour reconquérir la première place ?
A Ratier Figeac (1 100 salariés), lors des NAO de janvier 2015, après une semaine de grèves avec près de 400 salariés, nous avions obtenu une augmentation plancher de 50 € minimum. La CGT ayant grandement contribué au succès de cette lutte, nous pensions que lors des élections qui suivraient en mars 2015, la Cgt serait plébiscitée par les salariés. Il n’en fut rien, lors des élections professionnelles, nous reculions en représentativité à 39 %, la Cfdt reculait aussi, la Cgc prenait le CE avec la voix du patron.
Quelque chose ne tournait pas rond. Après analyse de ce semi-échec, la Cgt restant tout de même le syndicat majoritaire de l’entreprise, nous avons décidé de travailler à la syndicalisation. Deux camarades ont suivi la formation « renforcer la Cgt » et nous avons fait appel à notre camarade David Gistau, membre de la CE confédérale et secrétaire général de l’UD de l’Aveyron, pour bâtir un plan de syndicalisation… Nous avons alors commencé à enregistrer quelques nouvelles adhésions.
En 2016, la Cgt n’a pas cessé d’être à l’offensive. Tout d’abord pour lutter contre le licenciement injuste de notre camarade Stephane Bueno en situation de handicap et bien sûr contre la loi « Travail ».
Quelle campagne avez-vous mené dans cette élection, avez-vous fait des adhésions ?
Depuis l’automne 2016, nous informons et mobilisons les salariés sur les dangers de la renégociation des conventions collectives. Sur la base de la grille de classification nationale revendiquée par la Cgt, nous avons développé une grille de rémunération adaptée à Ratier pour que chaque salarié puisse s’y projeter facilement en fonction de ses diplômes et de son ancienneté.
Cette grille alimente des discussions entre les salariés et avec leurs délégués Cgt. Celle-ci a mis au grand jour le besoin des salariés d’obtenir une reconnaissance de la qualification et des expériences.
De 54 syndiqués en 2014, nous sommes 65 aujourd’hui malgré 12 départs (3 démissions, le licenciement de Stephane Bueno et 8 départs en retraite).
Comment avez-vous abordé les effets de la loi Rebsamen sur la représentation des hommes et des femmes sur les listes ?
Début 2017, lors de la préparation du protocole électoral, nous avons analysé, avec l’aide de la Fédération, la loi Rebsamen et ce qu’elle impose en termes de « parité ». Bien que le taux de féminisation augmente à Ratier, très peu de femmes étaient syndiquées à la Cgt. Nous avions des sympathisantes mais de là à faire le pas et se présenter… le défi était de taille. Après avoir pris le temps de les rencontrer et de discuter avec nombre d’entre elles, Hélène, Christelle et Stéphanie se sont présentées au premier collège et ont été élues.
Sur 19 candidats avec 5 nouveaux dont 3 femmes, nous n’avons pas obtenu la majorité pour reprendre le CE, mais nous gagnons 6 points de représentativité (45 %). Nous sommes heureux d’accueillir au syndicat Cgt Ratier ces nouveaux et nouvelles élu(e)s qui vont commencer les formations syndicales et continuer à porter le revendicatif. Nous allons poursuivre notre travail dans les 2e et 3e collèges qui sont nos objectifs pour gagner plus d’adhésions, augmenter notre représentativité et redevenir majoritaire au CE.