Alors que la question de l’emploi est très peu présente dans le débat politique actuel, la précarité dans la branche de la métallurgie n’a de cesse d’augmenter ces dernières années.
Depuis le milieu des années 2000, plusieurs centaines de milliers d’emplois ont été supprimés dans la branche sous l’impact des politiques de rentabilité, d’externalisations et de délocalisations. Plusieurs employeurs ont également mis en place des accords de compétitivité pour accroître leur rentabilité.
Ainsi, alors que les taux de marge des entreprises de la métallurgie ont retrouvé leur niveau d’avant crise et que les carnets de commandes sont dans le vert, l’emploi continue de régresser dans la branche avec un recours accru au travail intérimaire.

La précarité au service de la rentabilité
Avant la crise de 2008, près de 140 000 intérimaires équivalent temps plein travaillaient dans la branche. Dès les premières répercussions de la crise des subprimes, ce nombre est descendu à 80 000 emplois, soit près de 60 000 emplois supprimés en un temps record.
D’après les dernières statistiques, le recours à l’intérim s’accroît de nouveau, notamment pour compenser les départs des salariés de la branche. Quelques chiffres tirés des trois premiers trimestres 2016 caractérisent ce phénomène :
• Le taux de recours à l’intérim est en moyenne de 3,2 % pour l’ensemble des secteurs privés de l’économie française, de 7,7 % dans l’ensemble de l’industrie et de 8,2 % pour la métallurgie.
• Dans le secteur de la fabrication du matériel de transports (aéronautique, automobile, navale et ferroviaire), ce taux dépasse les 10 %.
• En moyenne, les intérimaires représentaient 120 000 emplois équivalent temps plein dans la branche.
Ces chiffres démontrent que la reprise de l’activité s’est accompagnée d’une augmentation de la fragilité du statut des salariés.

Une précarité qui frappe les plus jeunes
En raison de la faiblesse des embauches et de la pression accrue sur les salariés, le vieillissement de la pyramide des âges est une réalité dans nombre d’entreprises de la branche. A cela s’ajoute le fait que les employeurs, lorsqu’ils recrutent, utilisent d’abord tous les outils de la flexibilité mis à leur disposition dont les jeunes sont les premières cibles. Ainsi, en 2015, seuls 58 % des 18-25 ans dans la branche étaient en CDI contre 85 % tous âges confondus. 17 % de cette tranche d’âge est intérimaire contre 7 % pour l’ensemble des salariés de la branche.
Pour lutter contre la précarité, plusieurs pistes doivent être explorées. Tout d’abord en faisant respecter la réglementation sur le recours à l’intérim, trop souvent bafouée par les employeurs. Ensuite, en finir avec les stratégies des entreprises axées sur la réduction des coûts qui ne visent qu’à accroître la pression sur le travail. Travailler à la syndicalisation des intérimaires qui trop souvent n’osent pas faire appliquer leurs droits à cause de la précarité de leur statut. Enfin, en pleine période de négociation du futur statut des salariés de la branche, il est plus que jamais d’actualité d’imposer l’arrêt de la précarité et de construire des droits égaux pour l’ensemble des salariés de la métallurgie.

Une nouvelle arme patronale, le CDI Intérimaire (CDII)
Le CDII est entré en vigueur en 2014, avec possibilité de l’expérimenter via la signature d’accords de branche. La loi Rebsamen du 17 août 2015 a étendu cette faculté à l’ensemble de l’économie jusqu’au 31 juin 2018. Entre temps, le gouvernement devra présenter au parlement un rapport sur son éventuelle pérennisation.
Le CDII comporte des périodes d’exécution des missions et peut comporter des périodes sans exécution de missions appelées « périodes d’intermission ». Chaque mission donne lieu à la conclusion d’un contrat de mise à disposition entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise utilisatrice et à l’établissement d’une lettre de mission.
Le salarié bénéficie de certaines dispositions relatives au CDI classique (congés payés, période d’essai, rupture du contrat) et des dispositions relatives au travail temporaire pendant les missions.
Le CDII n’abroge pas les contraintes et la précarité du statut d’intérimaire, bien au contraire. Le salarié en CDII ne touchera ainsi plus de prime de précarité à la fin de chaque mission, il devra accepter toutes les missions qui lui seront proposées par l’entreprise de travail temporaire et se tenir constamment à sa disposition en période d’intermission. Les durées maximales de missions sont en outre portées à 36 mois.