Bonne nouvelle, tout va bien dans le secteur de la métallurgie. En tout cas, c’est ce que laisse à penser la dernière présentation de l’UIMM concernant la conjoncture de la branche. Le syndicat patronal a fait preuve d’un optimisme très peu usuel. En effet, d’après les statistiques et analyses, tous les indicateurs sont au vert pour les principales filières. Les perspectives elles-mêmes sont jugées comme favorables.

Perspectives réjouissantes ?
Il faut dire que le patronat a de quoi se frotter les mains. Les résultats des grands groupes côtés au CAC 40 comme au SBF 120 (les 120 plus grands groupes) démontrent que la situation économique et financière des principaux donneurs d’ordres de la branche est à des niveaux record. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, l’emploi dans la branche de la métallurgie ne baisse pas, voire se maintient à un niveau légèrement supérieur à l’année précédente. La CGT aura à cœur de vérifier si cette tendance se confirme d’ici les publications 2019, année qui en termes d’exonérations sociales constitue un effet d’aubaine sans précédent pour les employeurs. Dispositifs qui pèsent lourdement sur les finances publiques et aggravent de fait le déficit public a rappelé la CGT lors des échanges qui ont suivi la présentation.

A regarder de plus près…
Mais les représentants CGT ont également fait part de leur étonnement face à la sérénité des prévisions patronales alors que dans de nombreuses réunions de CSE, le contexte présenté aux salariés est bien souvent incertain voire menaçant surtout sur les questions d’emplois et de salaires. De plus, au-delà de l’autosatisfaction patronale, la CGT a pointé plusieurs statistiques qui devraient susciter davantage de retenu ou du moins ouvrir des débats. En effet, si les effectifs se maintiennent, on constate une baisse du nombre d’établissements (-23) concentrée dans les industries « historiques » de la branche tout comme dans les régions où la métallurgie est la plus implantée. Face à cela, il y a des créations d’entreprises mais plus spécifiquement dans les activités de supports telles que la réparation et la maintenance. De plus, concernant l’évolution des catégories par Catégories socioprofessionnelles (CSP), la part des ouvriers dans la branche est passée de 50.6% à 46.6%. Mais ce chiffre est à pondérer par le nombre d’intérimaires dans la branche. La part des ingénieurs / cadres / techniciens est passée de 34.7% à 38.6% en 2017.

Peu d’ambition
La CGT a également pointé plusieurs aspects sociaux à propos des évolutions des effectifs. Par exemple, la part des femmes baisse, certes que de 0.3 points, mais cela se fait en dépit des multiples campagnes et guides réalisés. Force est de constater qu’il n’y a donc pas d’engagement concret des entreprises. En ce qui concerne la pyramide des âges, le vieillissement des effectifs se poursuit. En effet, la part des jeunes de moins de 26 ans ou moins de 30 ans continue de baisser. Dans le même temps, les 50 ans et plus progressent. Aussi, malgré les campagne de com’, la branche n’attire pas les jeunes et privilégie la précarité pour ces derniers.
Attractivité ne peut rimer avec précarité
Si la majorité des salariés de la branche bénéficient d’un CDI, la branche compte en moyenne près de 150 000 salariés en intérim. Niveau le plus haut depuis 2008. Cette situation confirme la précarisation massive des jeunes qui passent par la case intérim avant d’accéder à des emplois « stables ». La CGT a également souligné les taux de recours à la précarité très élevés dans les filières où l’activité est au plus dans le vert (fabrication de matériel de transports). Enfin, 31 735 emplois sont vacants dans l’industrie. Si cette tendance est en hausse, ce chiffre ne peut justifier les lamentations répétées de l’UIMM que des centaines de milliers d’emplois sont non pourvus afin de justifier la casse des droits des salariés. D’autant que ces offres d’emplois ne sont pas forcément encore disponibles et peuvent être précaires (en CDD ou autres…). Aussi, ces statistiques sur la situation économique de la branche, souligne la bonne rentabilité des entreprises mais qui ne se répercute que très peu sur l’emploi. C’est pourquoi, la CGT a rappelé son engagement pour renforcer les droits des salariés afin de renforcer l’attractivité de la branche notamment dans le cadre d’une convention nationale collective.