Inadmissible ! Les inégalités de revenus ne cessent de progresser en France depuis plusieurs années. Sont bien évidemment en cause, les politiques d’austérité et de modération salariale, tandis que les rémunérations de certains dirigeants du CAC 40 explosent.
Mais les inégalités de revenus sont comme l’arbre qui cache la forêt : les inégalités de patrimoine qu’elles alimentent sont autrement plus grandes et ont des conséquences encore plus dramatiques.

Inégalités de patrimoine, de quoi parle-t-on ?
Le patrimoine des ménages pourrait être défini par l’épargne et le capital accumulés tout au long de leur vie. Les statistiques démontrent que plus un ménage a des revenus élevés, plus il accumule du patrimoine. A l’inverse, plus un ménage a des revenus faibles, moins il est en mesure d’épargner et par conséquent de se constituer un patrimoine.
En 2015, selon l’Insee, les 10 % des ménages ayant le plus haut niveau de vie détiennent près de 50 % du patrimoine national. A l’inverse, les 50 % des Français en dessous du niveau de vie médian n’en possèdent que 8 %. Le patrimoine brut moyen (endettement non déduit) des 10 % des ménages gagnant les plus hauts revenus équivaut à 1,25 million d’euros, soit 630 fois celui des 10 % les moins fortunés (2 000 euros) et 8 fois le patrimoine médian brut (158 000 euros). Si l’on prend en compte le niveau de vie en 2014, les plus riches gagnaient 7 fois plus que les plus pauvres en moyenne (4 683 euros contre 658 euros pour une personne seule). Les inégalités de patrimoine sont bien plus grandes que les inégalités de revenus. Et c’est normal : elles représentent en réalité l’accumulation de toutes les inégalités de revenus du présent ET du passé.

Des inégalités aggravées en fin de carrière
Dans la mesure où le patrimoine s’accumule tout au long de la carrière, il est évident que le résultat obtenu selon le milieu social à l’âge de la retraite diverge fortement. Les anciens cadres supérieurs et professions libérales ont un patrimoine net médian de 396 000 euros, soit 2,7 fois plus que celui du reste des salariés retraités (145 000 euros). A titre de comparaison, le patrimoine net médian est de 24 800 euros pour les employés, 16 400 euros pour les ouvriers non qualifiés, quand il atteint 42 000 pour les ouvriers qualifiés. 10 % des salariés (hors cadres supérieurs), après une vie entière de travail, n’ont pas plus de 3 800 euros de patrimoine.
Conséquence des inégalités de revenus présentes et passées, ces écarts, en se transmettant de générations en générations, reproduisent et alimentent automatiquement les inégalités futures de revenus. Ainsi, il ne suffira pas de mieux répartir les revenus : une autre répartition des richesses accumulées est nécessaire, puisqu’elles sont distribuées de manière encore plus inégalitaire que les revenus. Sinon, toute avancée en termes d’égalité des revenus risque de disparaître demain, sous la pression de la concentration du capital.