Chaque année, de nombreux rapports d’experts mettent en avant la dégradation significative de notre environnement liée à l’activité humaine et montrent l’accélération de ce phénomène. La problématique actuelle à laquelle est confrontée notre civilisation est donc de permettre à plus de 10 milliards d’individus de vivre de manière décente sur notre planète en 2050.

Cessez la course aux profits
Il devient urgent de passer d’un modèle de développement productiviste et consumériste issu des pays riches, et devenu la norme, à un modèle plus sobre basé prioritairement sur la réponse aux besoins des populations.
Le libéralisme économique de ces dernières décennies, en considérant à tort les ressources de notre écosystème comme étant inépuisables (minerais rares, forêts primaires, nappes phréatiques profondes, énergies fossiles…) n’a fait qu’amplifier la destruction de ce dernier. Ensuite, la volonté de maximiser sans cesse les profits sans tenir compte de notre empreinte écologique pousse les pays les plus riches à délocaliser leurs productions à moindre valeur ajoutée vers les pays émergents. Cela a pour double objectif de profiter d’une main d’œuvre à bas coût et de délocaliser les pollutions associées à ces productions, on parle alors de dumping social et environnemental. Or, ce raisonnement très court-termiste n’a écologiquement aucun sens, car la plupart des pollutions ne connait pas les frontières, c’est ce que nous observons par exemple aujourd’hui avec le réchauffement climatique.

Lier environnement et besoins des populations
Nous devons donc réorienter en profondeur notre appareil productif pour à la fois y intégrer les technologies écologiquement les plus performantes, être en mesure de réparer les dégâts déjà causés par notre activité et éventuellement arrêter certaines productions très polluantes ne répondant pas ou plus aux besoins des populations.
Bien évidemment la dimension sociale associée à une telle transition doit être au cœur de notre réflexion et de nos propositions. Ainsi, le nouveau statut du travailleur salarié proposé par la CGT qui lie le salaire à la qualification et non au poste de travail, en garantissant le maintien du salaire lors d’une reconversion, permettrait de sécuriser complètement les parcours et de tendre vers une mutation profonde de notre modèle de développement. De nombreux économistes s’accordent même à dire qu’une telle mutation associée à la réduction du temps de travail, revendiquée par notre syndicat, créerait plus d’emplois qu’il n’en détruirait [1].

Changer d’orientation
Le politique doit donc reprendre la main sur la sphère économique en imposant la relocalisation des productions à proximité des lieux de consommation et la mise en place de normes environnementales élevées (prise en compte de tout le cycle de vie des productions, durabilité des produits & économie circulaire…).
L’urgence environnementale est telle que nous devons définir la notion de « biens communs » pour l’humanité (air, eau, énergie…) pour permettre aux technologies les plus performantes déjà existantes d’être transférées rapidement sans subir le poids des lobbying et passer outre les blocages que peuvent constituer certains brevets. Ensuite, des coopérations européennes et internationales (publiques, privées) doivent être mises en place pour développer de nouvelles technologies clés pour aller vers une industrie soutenable à l’échelle du globe.
Et si l’urgence environnementale à laquelle nous devons faire face était une aubaine pour passer du libéralisme sauvage à une coopération constructive entre les pays et les continents ?


[1] Jean Gadrey, Adieu à la croissance. Bien vivre dans un monde solidaire, Paris, Les petits matins / Alternatives économiques, 2010