Dans le secteur aéronautique, la recherche en France a été regroupée et confiée historiquement à l’ONERA (Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales) après la seconde guerre mondiale. Elle s’est aussi développée au fil du temps dans les entreprises du secteur : Aérospatiale, Snecma, Dassault… Ainsi, d’Aérospatiale à Airbus Group en passant par EADS, le Laboratoire Central national de ce groupe est devenu le Centre Commun de Recherche, puis enfin Airbus Group Innovations (AGI) à l’échelle transnationale (France, Allemagne, Royaume-Uni, Singapour, bureaux en Asie et Russie).
Des coopérations pour porter de nouveaux projets
AGI est positionné sur la Recherche et Technologie (R&T) au service des divisions du groupe Airbus. Depuis longtemps, AGI a tissé des liens avec des laboratoires académiques de recherche pour des sujets particuliers très en amont, mais aussi avec des instituts de recherche privés ou étatiques européens, dans le cadre de projets collaboratifs.
Fort de son histoire (Caravelle, Concorde, Ariane, A380, A350, Missiles, Hélicoptères…), de génération en génération AGI est devenu incontournable pour ces coopérations grâce à ses compétences et savoir-faire reconnus, par la haute qualification de tout son personnel.
Depuis 2011, à l’initiative de l’Etat, de nouveaux acteurs de la R&T en France ont été créés dans les pôles de compétitivités. Ce sont les IRT (instituts de recherche technologique).
Privatisation de la recherche au profit de la finance
Le secteur privé, très porté sur la finance, fait appel aux IRT au détriment de ses propres centres de recherche. On assiste à une dérive où cette recherche publique a laissé son essence d’innovation au service des besoins du pays, en se plaçant au service du secteur privé. Durant ces deux décennies, cela s’est renforcé avec la privatisation, de l’ensemble de cette industrie.
Avec le projet GEMINI d’Airbus Group, visant 1164 suppressions d’emplois, dont 400 de recherche sur 660 ainsi qu’une nouvelle orientation de la recherche vers les technologies numériques et logiciels dites disruptives pour soit disant préparer l’après-produit du futur, la direction d’Airbus Group porte le coup de grâce d’AGI. Il est fait table rase du passé sans que cela émeuve l’Etat qui semble se désengager du secteur aéronautique. Pourtant les réactions sont vives parmi les chercheurs par le caractère mortifère de ce plan qui décrète l’abandon de pans entiers de maitrises de hautes technologiques toujours indispensables dans cette industrie.
La recherche au service des besoins
La suppression de centaines d’emplois alors qu’Airbus Group possède un carnet de commandes de 1000 Mds€, se gave de la manne publique au travers de contrats publics nationaux et européens, CIR et, dans une faible mesure le CICE, est inacceptable. L’urgence est à l’investissement dans la recherche, l’innovation, la formation pour répondre aux besoins de la société.
De son côté, l’ONERA est mis à mal par l’Etat au travers d’un sous-financement chronique. Il compense par des contrats de coopérations, tout en se réorganisant et réduisant la voilure (activités, sites, conditions sociales).
Aussi, le CNES (Centre national d’études spatiales) est dépouillé de ses prérogatives de maîtrise d’œuvre (lanceurs spatiaux) au bénéfice de la nouvelle société privée dernièrement créée Airbus Safran Launchers.
Ce sont ces éléments qui plaident sur l’utilité publique d’une commission d’enquête parlementaire sur l’avenir de cette industrie aérospatiale. Un large débat doit s’ouvrir pour poser les véritables enjeux qui permettent son développement dans un objectif de répondre aux besoins des citoyens.