Dernièrement, le ministre B. Le Maire, ne tarissait pas d’éloges sur le projet. Aussitôt rejoint par le Premier Ministre puis récemment encore par le porte parole du gouvernement B. Grivaux.

Nos trois compères développent deux arguments pour que nous acquiescions à la fusion. Le projet permettrait de créer un « géant européen ».  Ce serait aussi le moyen de barrer la route au concurrent chinois sur le marché européen. Enfin, pour rendre le projet encore plus séduisant, cela permettrait de bâtir un « Airbus du ferroviaire ».

Le dogme du géant européen est ici mortifère pour l’avenir du ferroviaire européen ! En effet la création du géant aura pour conséquence d’ouvrir le marché européen au concurrent chinois en vertu des réglementations anti-trusts européens et internationaux comme l’a souligné la Commission. On veut créer un géant pour quoi faire ? Plus de R&D ? Non, le projet ne le prévoit pas !

En fait la fusion ne s’adosse sur aucun projet industriel ! Les directions n’ont à ce jour évoqué que les « synergies » qui vont se traduire en restructurations c’est-à-dire en réduction de gamme de produits, de capacité de conception, de capacité industrielle et d’emplois. Bref, si les directions d’Alstom et Siemens s’entêtent, c’est l’annonce d’un massacre industriel dans les TGV, les trains régionaux, les métros, les tramways, les systèmes de signalisation métro, l’ERTMS…, avec tout d’abord « les remèdes », c’est-à-dire la vente de nombreuses activités & produits, puis dans un second temps « les synergies », avec les rationalisations de capacités d’études et industrielles (de 4000 à 7000 suppressions de postes).

Autre exemple de cette hérésie industrielle, le nouveau groupe choisira entre deux technologies de trains à grande vitesse. Celle du TGV français ou de l’ICE allemand ? On connait donc la technologie et la recherche, allant avec, qui vont être sacrifiées !

Il faudrait également que nos ministres nous expliquent pourquoi la Commission à la concurrence renâcle à un tel projet, qu’ils argumentent enfin sur le fond et qu’ils abandonnent les postures politiciennes et dogmatiques !

L’instance anti-trust Britannique s’est très tôt opposée à ce projet et maintenant c’est le tour de l’instance anti-trust allemande ! Sans oublier l’espagnole, la belge, la néerlandaise, l’australienne, l’association européenne des gestionnaires d’infrastructures…

Le silence de la haute autorité française dont l’indépendance reste donc à démontrer, est sidérant !

Mais dans le même temps nos ministres ont omis de parler des 1,8 Md€ de dividendes exceptionnels supplémentaires qui ont déjà été votés pour les actionnaires d’Alstom. La vérité c’est que le projet est exclusivement capitalistique et financier !

De son côté, la CGT promeut l’idée de la création d’un GIE entre les deux groupes afin de répondre réellement aux besoins de R&D, d’investissements et de partenariat sur certains marchés. Retrouver l’organisation de l’Airbus des origines permettrait de répondre à toutes les attentes, règles de concurrence comprises, tout en empêchant le concurrent chinois de s’implanter sur le marché européen.

Pour des européens convaincus, nos ministres sont bien méprisants des traités qu’ils prétendent défendre tous les jours ! Avec les directions des deux groupes, ils veulent, comme à l’accoutumée, faire porter l’impopularité des remèdes à la Commission en la forçant à établir la listes des sites et activités à abandonner… A quelques mois des élections du Parlement Européen cette stratégie est suicidaire pour l’Europe…

Voilà bien des pompiers-pyromanes !

 

Déclaration CGT métallurgie du 18 janvier 2019