L’IHS CGT Métaux soutient l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 qui s’oppose à l’inscription de la basilique du Sacré-Coeur (Montmartre, Paris) aux monuments historiques et vous invite à signer la pétition initiée par l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 :
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Nous publions ici l’édito du numéro 77 (octobre 2022) des Cahiers d’histoire de la Métallurgie :
Le conseil municipal de Paris vient de se déclarer favorable au classement de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre comme monument historique.
Comment s’opposer à cette reconnaissance du monument le plus visité de la capitale après la tour Eiffel ?
A entendre la mairie de Paris c’est un débat qui n’a plus lieu d’être. Le temps a fait son œuvre. Les esprits sont apaisés. Cette décision est une nouvelle étape du rassemblement fraternel. Tous acteurs d’une même histoire. Rendre hommage aux uns participe à la reconnaissance des autres.
On croirait entendre parler du mausolée de Franco ou les victimes du franquisme ont été inhumées aux cotés de leur bourreau, plaçant le Caudillo comme le réunificateur de la patrie, rassembleur de toutes les âmes meurtries de la guerre civile espagnole.
La chargée du patrimoine centre son argumentation sur les possibilités ainsi offertes de bénéficier de subventions plus importantes pour l’entretien et la restauration du monument. La municipalité garantit dès lors à l’évêché que pourront se perpétuer les prières permanentes pour le rachat des péchés et des crimes révolutionnaires. Car au-delà de la commune c’est surtout la révolution française, celle qui mit un terme au régime aristocratique des privilèges, qui est la cause des malheurs de la France, fille ainée de l’église.
Lors du centième anniversaire de la commune, bien pauvre en commémorations officielles, un jeune artiste, Ernest Pignon Ernest, avait entrepris de rendre hommage aux communards. S’appuyant sur des photos de fusillés, il avait couvert les marches qui mènent à la basilique de dessins à taille humaine des cadavres de ces victimes. Ainsi, ceux qui se rendaient au monument expiatoire, foulaient aux pieds les dépouilles des martyrs. Terrible symbole de ce que l’on a voulu enterrer sous la butte en la chapeautant d’un édifice ostentatoire et hideux.
Cinquante ans après, Françoise Bazire de l’association des amis de la commune, reprend à l’occasion de cette décision de la mairie de Paris l’image de la mémoire des communards piétinée.
Ce qui est plus consternant c’est peut-être la volonté de rassurer en indiquant que le square Louise Michel, au pied de la butte, est compris dans la proposition d’inscription aux monuments historiques. Ce square qui portait à l’origine le nom de Willette, anti-dreyfusard, collaborateur du journal d’Edouard Drumont, La libre Parole, et qui se présentât aux législatives de 1889 comme candidat antisémite. Ce n’est qu’en 2004 que la mairie de Paris a voulu effacer hâtivement cet hommage en lui donnant le nom de Louise Michel. Mais près de vingt ans plus tard, il suffit de taper square Willette sur internet pour voir réapparaitre ce lieu symbolique.
Voilà où nous en sommes. Tous dans le même sac, les victimes et les bourreaux. Tous rassemblés dans le même hommage et la même reconnaissance. Cette chargée du patrimoine devrait prendre le temps d’une visite au Père Lachaise pour contempler la splendeur de l’impressionnante chapelle consacrée à la dépouille d’Adolphe Thiers et se lamenter sur l’état des sépultures des communards abandonnées aux aléas du temps.
Et puisque l’on préserve la rue du cardinal Dubois et que le XVIème arrondissement conserve sa rue Thiers, peut-être qu’un jour nous pouvons espérer avoir enfin une rue Robespierre dans la capitale française.
Claude VEN, Président de l’IHS CGT Métaux