Une page se tourne pour les salariés des Ateliers de Constructions du Centre ingénierie et maintenance. Mercredi 30 octobre 2019, le Tribunal de Commerce de Clermont-Ferrand a désigné deux repreneurs pour les deux activités (ferroviaire et ingénierie système), de l’entreprise suite à sa mise en redressement judiciaire. 227 emplois sur les 274 que comptait l’entreprise sont conservés par le nouveau repreneur TTH. C’est un soulagement pour les salariés qui s’étaient prononcés la semaine dernière en faveur de cette solution. Demain, une nouvelle page de l’histoire de l’entreprise, qui vient de fêter son centenaire, s’ouvre.
Une longue bataille
L’entreprise familiale, reprise dans les années 90 par d’anciens cadres, connaissait depuis une dizaine d’années des difficultés. À plusieurs reprises, elle a bien failli disparaître. « Nous avons bataillé régulièrement ces dernières années pour obtenir des marchés sur le marché de la rénovation ferroviaire » se rappelle Anthony Vedeau, responsable CGT de l’entreprise. Le syndicat CGT a joué un rôle déterminant pour préserver l’entreprise et ses savoir-faire. Le syndicat a interpellé les élus (locaux, régionaux et nationaux) et les administrations dont le syndicat des transports île-de-France. Les responsables syndicaux ont notamment travaillé avec la CGT de la RATP et avec le conseil départemental du Val-de-Marne pour obtenir, auprès du STIF, la rénovation des lignes 7 et 8 (qui desservent le territoire) pour une commande d’un montant de 100 millions d’euros en 2015. Cet engagement de la CGT a été décisif pour étoffer le carnet de commandes et redonner des perspectives à l’entreprise. Il restait le problème du manque de trésorerie qui freinait l’activité. Aussi, le premier octobre, malgré un chiffre d’affaires en pleine croissance, les ACC ont été placés en redressement judiciaire.
Une reprise soutenue par les salariés
Une fois les dossiers de reprise déposés devant le Tribunal de Commerce, une synthèse a été exposée à l’ensemble des salariés. Ce sont essentiellement les deux offres concernant la division ferroviaire qui ont suscité le plus d’échanges. Les 3 offres de la partie ingénierie système qui bénéficie d’une niche dans la défense, reprenaient les 44 emplois. Côté ferroviaire, les échanges ont permis d’évaluer le pour et le contre entre une offre adossée à une grosse multinationale (BOMBARDIER) qui avait la faveur d’une partie des pouvoirs publics et la seconde, présentée par un petit industriel français (TTH). Si le nombre de suppressions d’emplois a pesé dans le choix des salariés, c’est aussi la taille humaine et le projet industriel de la PME qui a eu la préférence d’une très large majorité de salariés. Le fait que le Tribunal suive leur avis, le 31 octobre, a été un soulagement. « C’est l’aboutissement d’un long combat. On attendait cette décision, mais c’est mieux quand elle se concrétise » confiait Anthony Vadeau à la presse locale en sortant du Tribunal. « Notre travail dans les semaines à venir, c’est d’aider les salariés qui partent à retrouver un emploi, avec l’objectif de réembaucher, si l’activité le permet d’ici 24 mois » souligne le responsable syndical.
Construire l’avenir
Le lendemain de la décision du Tribunal, le repreneur était déjà sur place. Les 4 millions d’euros qui seront injectés dans le capital vont être réinvestis dans l’outil industriel. Une nouvelle usine devrait voir le jour dans les deux à trois prochaines années. « On va devenir une entreprise normale » pointe Anthony. Ces dernières années, celle-ci avait un fonctionnement un peu particulier. Si le travail à l’unisson direction/CGT a été un atout pour l’entreprise, aujourd’hui, le rachat entraîne des changements. « On va se recentrer sur l’activité syndicale » promet le syndicaliste. Si l’organisation ne compte que 15 syndiqués aujourd’hui, son engagement pour maintenir et développer l’entreprise est un point d’appui pour relancer l’activité. D’ores et déjà, un syndicat CGT devrait voir le jour dans la division ingénierie. Loin des caricatures, le combat syndical porté avec le soutien des salariés est une belle assise pour poursuivre l’histoire des ACC pour le siècle à venir.