Les élections professionnelles sont un moment important, sinon primordial de notre activité syndicale. C’est en cette occasion que l’on mesure « le poids » de notre organisation dans l’entreprise. C’est un moment de démocratie intense où la CGT peut porter haut ses propositions, voire syndiquer des salariés.
Nous sommes actuellement – depuis le 1er janvier 2017 et jusqu’au 31 décembre 2020 – dans le troisième cycle de calcul de la représentativité des organisations syndicales. Les lois Macron et Rebsamen ont changé pas mal de choses concernant les élections professionnelles, notamment sur les deux points suivants.

Représentation équilibrée femmes-hommes des listes électorales
La loi relative au dialogue social du 17 août 2015 prévoit de nouvelles dispositions concernant la parité au sein des institutions
représentatives du personnel. Ainsi, depuis le 1er janvier 2017, à partir du moment où un accord collectif intervient sur la répartition du personnel, l’employeur doit communiquer aux salariés la part de femmes et d’hommes composant chaque collège électoral. En outre, il est introduit une obligation pour les listes aux élections professionnelles (délégués du personnel et comité d’entreprise, titulaires comme suppléants) de comporter une proportion de femmes et d’hommes qui reflète la proportion existante parmi les salariés inscrits sur les listes électorales de chaque collège.
De plus, les listes doivent être composées alternativement d’un candidat de chaque sexe (il ne faut pas placer tous les candidats d’un même sexe en tête de la liste), jusqu’à épuisement des candidats d’un des sexes. Si cette règle n’aboutit pas à déterminer un nombre entier de candidats et de candidates à désigner, la loi prévoit des règles pour arrondir le chiffre obtenu. Si la décimale est supérieure ou égale à 5, on arrondit à l’entier supérieur, si la décimale est inférieure à 5, on arrondit à l’entier inférieur. Par exemple, si la liste électorale d’un collège comporte 45 % de femmes et 55 % d’hommes (chiffres devant être communiqués par l’employeur), une liste de 10 personnes devra comporter 4,5 femmes. La décimale est égale à 5, on arrondit donc à l’entier supérieur : la liste présentée devra comporter 5 femmes et 5 hommes.
Si le juge saisi de la régularité des élections constate le non-respect de ces règles, il pourra prononcer l’annulation de l’élection du ou des candidats du sexe surreprésenté. En outre, il pourra être procédé à l’annulation de l’élection du ou des candidats dont les noms sont mal placés au regard de l’exigence d’alternance des sexes.

La Délégation Unique du Personnel
Dans les entreprises de moins de 300 salariés, la mise en place d’une délégation unique avec la fusion des DP, CE et CHSCT devient obligatoire. Dans le cadre de la nouvelle DUP, un secrétaire et un secrétaire adjoint sont désignés et exercent les fonctions dévolues aux secrétaires du CE et du CHSCT. Le décret précise qu’ils sont choisis parmi les membres titulaires de la DUP. Un élu suppléant ne pourra donc pas être nommé secrétaire ou secrétaire adjoint.

Comment mener une campagne électorale ?
Lors de notre activité syndicale habituelle, face à une situation donnée, des actions sont menées pour mobiliser les salariés et obtenir de la direction de l’entreprise la satisfaction des revendications. Cela passe par des distributions de tracts, l’organisation d’une assemblée générale, la publication d’un communiqué, etc.
Si la plupart du temps cette façon de procéder est possible, il est nécessaire, en ce qui concerne les élections professionnelles, de prendre plus de temps, pour approfondir la réflexion. Pour ce faire, il nous faut une analyse plus concrète. Souvent cette étape est sous-estimée parce qu’elle est réduite à traiter les résultats de manière comptable, en concluant : « on gagne », « on perd » ou « on se maintient ».

Analyser les résultats électoraux, c’est dépasser les chiffres et pourcentages pour essayer de les faire parler. Les résultats ne sont qu’une photographie, un instantanée du film d’une histoire. Qu’est ce qu’ils nous enseignent ?
De nombreux éléments interviennent (effectifs, collèges, participation, listes) et tous n’évoluent pas forcément de la même manière. On peut ainsi avoir une évolution globale positive, mais un aspect illustrant une faiblesse (dans un collège, DP, DUP ou CE). Cela exige évidemment un petit travail d’expertise mené à partir des différents documents disponibles (Bilan Égalité/Mixité, Bilan social, RUP, BDES). Ceux-ci nous apportent des éléments indispensables sur l’évolution de la sociologie de l’entreprise (embauches, départs, pyramide des âges).
Ensuite, il convient également d’examiner la santé de notre organisation syndicale en termes d’adhésions, de départs, de vie syndicale. Il ne faut pas non plus négliger de jeter un coup d’œil aux évolutions des autres syndicats et de s’interroger sur leurs causes. Cette démarche est essentielle pour mieux comprendre dans quel contexte nous militons.
L’accumulation de ces éléments doit enfin nourrir le débat au sein du syndicat. Analyser les élections doit nous permettre de déterminer ce que nous devons faire bouger, ce que nous devons renforcer, transformer, poursuivre ou amplifier dans notre activité syndicale.

Il faut ensuite définir un ou des objectif(s) de communication et de syndicalisation, liés avec le revendicatif, pour mener des actions les plus efficaces possible et faire participer un maximum de personnes. Faire partager l’enjeu des élections professionnelles dans l’entreprise, de façon à augmenter de 5 % le nombre de voix CGT par rapport aux dernières élections, est un exemple d’objectif de communication.
Afin d’atteindre son objectif, il importe de construire un plan de travail décomposé en plusieurs étapes, afin de favoriser l’implication de l’ensemble des militants, des syndiqués et par conséquent les salariés. Faire connaître les élections professionnelles dans l’entreprise, faire comprendre l’enjeu et l’importance du vote, et convaincre de voter CGT. Nous négligeons trop souvent, cette étape visant à informer de la tenue des élections professionnelles dans l’entreprise et de l’intérêt à voter pour désigner des représentants syndicaux et soutenir un programme revendicatif.

La bataille de la représentativité
La connaissance des résultats des élections professionnelles est un enjeu important pour la Fédération. Là aussi, l’objectif est d’avoir la photographie la plus fidèle possible de la représentativité de la CGT dans nos professions, dans nos entreprises, dans nos territoires.
À ce sujet, il est important de rappeler le champ d’influence que nous couvrons dans la profession. On a l’habitude de dire que neuf salariés sur dix ne voient jamais la CGT. Pour nous, ce n’est pas le cas.
Notre implantation, notre influence dans les entreprises de plus de 200 salariés nous permet de toucher plus de 50 % des métallurgistes, soit 1 200 000. On recense 2 640 syndicats répertoriés dans Cogitiel pour plus de 4 000 bases organisées. C’est une donnée qu’il faut garder en tête, car il est plus facile d’aller vers les salariés lorsque nous sommes sur place, plutôt que dans les déserts syndicaux.
Cependant, la diversité des catégories professionnelles, leurs spécificités, leur place dans l’organisation du travail, imposent d’approfondir l’élaboration et l’expression des revendications, comme sur la conduite des initiatives pour les faire aboutir. Plus de la moitié des salariés de la métallurgie sont aujourd’hui des cadres et techniciens. Notre représentativité dans ces catégories, avec 8,64 % d’audience, est révélateur de la nécessité de poursuivre les transformations nécessaires pour être la CGT de tous les salariés. Donc quelle approche ? Quelle offre de syndicalisation ?
Autre exemple, les 400 000 salariés des services de l’automobile. Le collectif « élections professionnelles » de la Fédération travaille actuellement avec le collectif national des garages à la mise en place d’un plan de travail commun, avec des objectifs clairement définis, notamment dans les territoires, en lien avec les unions départementales.

RECENSER LES RÉSULTATS
Pour réussir à gagner le maximum de métallurgistes, il s’avère opportun, sans doute, avant toute chose, de procéder à un état des lieux des résultats électoraux, de mesurer les potentiels et de regarder quel champ syndical nous voulons couvrir.
Et c’est dans ce sens que le collectif « élections professionnelles » de la Fédération a mis en place un fichier recensant tous les résultats électoraux dans la métallurgie qui se sont déroulés durant le cycle 2012 à 2016. Nous avons pu déterminer les futures élections qui vont se dérouler dans toutes les entreprises de la métallurgie durant le cycle 2017 à 2020. Ainsi, nous serons plus offensif sur cette question, en mettant notamment sur pied un plan de parrainage dans les entreprises dans lesquelles nous sommes absents et gagner, partout, l’implantation et la syndicalisation CGT.

Le revendicatif au cœur de notre démarche
C’est à partir de l’approche revendicative de chacun, du collectif, de chaque catégorie et de l’intérêt général, dans la proximité que nous avons à travailler la syndicalisation. Car si des salariés trouvent un intérêt dans le syndicalisme, et particulièrement dans la CGT, ils ont encore du mal à y trouver réellement leur place. Nous devons réfléchir à notre offre de syndicalisation, car il s’agit d’une donnée forte du lien entre le salarié et la CGT. Inviter des salariés à participer à la vie du syndicat n’est, à notre avis, pas une action de marketing mais une démarche politique. Le syndicat doit en effet devenir un espace de vie, de liberté et d’action ouvert à tous, dans lequel chaque individu a sa place et peut choisir son niveau d’engagement.

Dossier publié dans le mensuel des métallurgistes de février 2017
coordonné par Aziz Bouabdellah, élu au Bureau fédéral avec le collectif «Elections professionnelles» de la Fédération