Le constat est partagé, la période que nous vivons est difficile : casse des conquêtes sociales, précarité grandissante des salariés, perte de confiance du corps militant, confronté à la répression et aux moyens considérables mis en œuvre pour tuer toute forme de contestation.
Est-ce pour autant une situation nouvelle ? Assurément non. Salariat et engagement militant n’ont jamais été de tout repos. Chaque lutte, grande comme petite, victorieuse ou pas, ont contribué à façonner l’histoire de notre pays, n’en déplaisent aux apôtres de la « grande » histoire, celle des batailles et des hommes providentiels. Si les travailleurs et la population en sont les principaux acteurs, certains parmi eux ont choisi de s’engager, de se faire les porte-voix « des obscurs et des sans-grades », selon la formule de l’historien Jean Maitron.
Henri Gautier, métallo & résistant
L’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie a fait paraître une biographie, celle d’Henri Gautier. Le parcours de ce militant, aujourd’hui méconnu, méritait à nos yeux d’être mis en lumière.
Né dans une famille ouvrière en Seine-Maritime, il devient chaudronnier. Adhérent à la CGT en 1913, il participe à la direction de la grande grève des métallos du Havre de 1922 et assume jusqu’au début des années trente des responsabilités locales au parti communiste et à la CGTU, avant d’être appelé à Paris. Artisan de la réunification syndicale de 1936, il est chargé par la suite de mettre sur pied les réalisations sociales des métallos parisiens : colonie de vacances, maison de convalescence, parc de loisirs et de culture, polyclinique ou encore école de formation professionnelle. La guerre déclarée, il aide à réorganiser les salariés, avant d’être arrêté lors de la rafle du 5 octobre 1940. Interné à Aincourt puis à Châteaubriant, où il assiste le 22 octobre 1941 à l’exécution de Jean-Pierre Timbaud et de 26 autres camarades, il s’en évade quelques semaines plus tard. Il prend part active à la résistance, comme responsable de la Fédération illégale des métaux. Arrêté une seconde fois, en octobre 1942, il est déporté au camp de concentration de Gusen II, après avoir été torturé à plusieurs reprises. Dirigeant de la résistance clandestine au sein du camp, il disparaît en janvier 1945.
Militer, d’hier à aujourd’hui
Sans nul doute, le militantisme d’aujourd’hui est différent d’il y a un siècle. Mais malgré tout, les femmes et les hommes qui s’engagent dans cette voie ont tous à cœur d’informer, de convaincre, d’organiser et de mobiliser selon des idéaux émancipateurs.
Cette biographie, réalisée avec les éditions de l’Atelier, est mise en mots par Jessie Magana et illustrée par Sébastien Vassant. Conçue sous la forme d’un roman, pour en faciliter la lecture et élargir le public, elle respecte toutefois les faits historiques. Son objectif est ambitieux : être lue par le plus grand nombre, mais aussi et surtout servir de support pour débattre, dans les territoires et les syndicats, de ce qu’est l’engagement, des formes et des moyens qu’il doit prendre aujourd’hui.
Cet ouvrage est vendu au prix de 19 € l’unité, 15 € à partir de 10 exemplaires commandés. Renseignement et commande auprès de l’IHS CGT Métallurgie, 94 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris | ihs.gas@free.fr | 01 53 36 86 38.