Dans le numéro 53 de juillet 2016, Les Cahiers d’histoire de la métallurgie proposait de découvrir un petit fonds d’archive comprenant deux boîtes sur l’activité du Syndicat national des médecins du travail CGT entre sa création en 1946 et la fin des années cinquante (https://ftm-cgt.fr/archives-syndicat-national-medecins-travail/). La présence d’un tel fonds était étonnante, mais le rapprochement avec un autre fonds d’archives pourrait bien apporter quelques réponses.
Rappelons tout d’abord que les services médicaux du travail, apparus dans certaines entreprises durant l’entre-deux-guerres, sont généralisés par une loi du 28 juillet 1942 adoptée par le régime de Vichy, puis transposés et amendés par la loi du 11 octobre 1946.
Le 14 avril 1953, la direction de l’Union fraternelle des métallurgistes (UFM), association chargée de la gestion des réalisations sociales des métallurgistes de la région parisienne, décide la création du Centre médical du travail (CMT). Elle s’appuie pour cela sur l’expérience acquise dans les actions de prévention de santé développées à la polyclinique des métallurgistes, installée au 9 rue des Bluets à Paris (11e arr.). L’objectif est de fournir aux travailleurs des entreprises adhérentes au CMT une médecine du travail de qualité, non soumises aux pressions patronales, assurant les visites d’embauches, les examens médicaux et les visites d’entreprise.
S’adressant en priorité aux structures de l’économie sociale, solidaire et syndicales, ainsi qu’aux petites entreprises des arrondissements populaires parisiens, le CMT employa jusqu’à quatre médecins et une secrétaire médicale. Des difficultés financières à partir de la seconde moitié des années 2000 occasionnent une cessation de paiement et une reprise par l’Association pour la prévention et la médecine du travail (AMET).
La création de cette structure intervient dans une période charnière de l’histoire de l’UFM. En effet, la première moitié des années 1950 voit la fermeture du centre de formation professionnelle accélérée Bernard-Jugault, la création du centre de rééducation professionnelle pour travailleurs handicapés Suzanne-Masson et la bataille pour la reconnaissance de la méthode dite de l’accouchement sans douleurs, mise sur pied par le docteur Fernand Lamaze et son équipe.
La concordance des dates extrêmes entre les deux fonds permet d’avancer une supposition. L’un (ou plusieurs) des médecins du travail employés par le Centre médical du travail a sans doute participer à la création du Syndicat national des médecins du travail CGT, expliquant ainsi la présence de ce fonds parmi nos magasins d’archives. Des recherches complémentaires permettraient bien entendu d’aller plus loin et d’éclairer également les relations entretenues par la CGT avec ces professionnels de santé.
Pour aller plus loin
Inventaire du fonds d’archives 1-3 CMT sur demande auprès de l’IHS CGT.