Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les administrateurs,

Depuis plus d’un mois et demi, notre pays est plongé dans un conflit social majeur. La grande majorité des salariés du privé et du public, les retraités, les privés d’emploi, les étudiants expriment leur ferme opposition à la destruction massive de notre système solidaire de retraite par répartition voulue par le patronat et portée par le gouvernement. Les derniers sondages révèlent que plus de 70% de la population sont opposés à cette loi.

Les objectifs affichés sont clairs. Il s’agit de faire travailler plus longtemps tous les salariés du privé et du public avec, au bout du bout, au nom du sacro-saint « coût du travail » une retraite de misère obligeant ceux qui le pourront à opter pour la capitalisation à la grande satisfaction des lobbies de la finance. L’article 65 du projet de loi, dans la continuité de la loi PACTE confirme cette volonté de favoriser la mise en place des plans épargne retraite (PER). Les premiers concernés de force, vont être les cadres à hauts revenus, mais l’article 65 prévoit une extension à l’ensemble des salariés. Alors que nous sommes dans une période de renouvellement important des générations, notamment dans notre branche des services de l’automobile, le gouvernement entend pousser l’individualisme à son paroxysme et sacrifier notre jeunesse. De quel droit, au nom de qui et de quelle morale pourrions-nous accepter d’hypothéquer la retraite de nos enfants et petits-enfants ?

Évidemment seuls les représentants patronaux, MEDEF en tête, et certains leaders syndicaux au mépris de leurs bases, sont satisfaits des orientations du gouvernement. Nous sommes au cœur d’un conflit social où l’enjeu est le choix de société que nous voulons pour notre pays. La CGT, une fois encore, ne se contente pas de s’opposer à la destruction de notre système solidaire de retraite. Nous faisons des propositions pour l’améliorer pour toutes et de tous et en particulier pour assurer le financement sur le long terme d’une retraite permettant à chacun de vivre décemment selon ses besoins.

Ainsi par exemple, une augmentation de la cotisation retraite de 0.4% (répartie à 60/40 entre l’entreprise et le salarié) permettrait d’assurer une retraite à 60 ans avec 75% du dernier salaire tout en validant les années d’études. Pour illustrer notre propos, prenons un salaire de 1.500 euros : une telle augmentation représenterait 3.6 € pour l’entreprise et 2.4 € pour le salarié.Nous le savons ici, si nos régimes sont affaiblis, c’est dû aux politiques successives répondant aux exigences patronales d’exonération de cotisations sociales, de blocage des évolutions de salaire, de suppressions d’emplois ou encore de non-respect de l’égalité professionnelle.

Dans les entreprises des services de l’auto, nous ne sommes pas en dehors de ce dispositif de casse. Depuis plus d’un an, une négociation nationale vise à supprimer notre dispositif solidaire de Capital de Fin de Carrière et le remplacer par un dispositif d’épargne d’entreprise. La logique qui a amené cette négociation est la même que celle utilisée par Macron pour justifier sa réforme des retraites. Les salariés ne veulent surtout pas de votre système d’épargne, ils veulent conserver leur CFC, la CGT  là aussi, propose des solutions viables.Pour information, une augmentation de 10 % des salaires des services de l’automobile, comme nous le revendiquons, apporterait plus de 750 millions d’euros par an dans les caisses de la sécurité sociale. Pérenniser et améliorer notre système solidaire de retraite c’est donc possible.

La CGT est depuis toujours aux côtés de celles et ceux qui luttent au quotidien pour améliorer la vie des salariés, ce mercredi 29 janvier 2020 étant une journée de mobilisation Nationale à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNEF, notre place est donc à leurs côtés.