La littérature courante sur les « seniors » est torrentielle, mais pour l’essentiel elle nous dit presque toujours la même chose, deux choses pour être exact. D’abord, avec le rapide allongement de l’espérance moyenne de vie dans des pays comme la France, la charge des inactifs sur les actifs serait en train de s’alourdir de façon insupportable, ce qui contraindrait à réviser d’urgence à la baisse les normes de notre système de retraite. Ensuite, le tout n’est pas de vivre plus vieux mais de le faire en meilleur état, donc la question plus personnelle que sociale du « bien vieillir » prend une importance majeure.
Bien vieillir
Une telle vision, très contestable, échappe à la critique, car elle semble fondée sur une évidence : avec l’âge, le mental vieillirait nécessairement comme le physique. A la courbe biologique de la vie, croissance, stagnation, déclin, correspondrait une courbe psychologique qui nous voue à vieillir diminués, donc en retrait des activités sociales. Le sujet du « bien vieillir » semble biaisé d’avance par le vocabulaire dominant. On le désigne en parlant de la « vieillesse », des « personnes âgées », des « aînés », de plus en plus des « seniors ». Ainsi traite-t-on quinze millions de personnes en France comme une simple catégorie démographique à base d’état-civil, neutralisant au départ cet immense problème socio-biographique, incitant à le penser dans les termes idéologiques de l’âgisme, alors que toute la question est d’organiser socialement l’avenir des « retraités » leur véritable vrai nom sociétal.
Droit à la retraite en berne
Avec pus de 100 000 syndiqués à la CGT sur 16 millions de retraités, la question de l’organisation sociale des retraités est ncontournable ! Ils doivent être plus nombreux à s’organiser pour se défendre socialement dans la société française. Le gouvernement vient d’annoncer une revalorisation des retraites de 0,3 % en 2019 et en 2020 alors que l’inflation est repartie à la hausse en 2018 et se situerait à 1,7 % en 2019 et en 2020. Ce qui aurait pour conséquence une nouvelle perte annuelle de 1,4 % du pouvoir d’achat des pensions. Il a donc décidé de supprimer toute référence à un indicateur précis et que l’évolution des pensions de retraite ne dépendrait plus que de son bon vouloir à compter de 2019. C’est un recul social sans précédent qui confirme son mépris pour les retraités(es).
L’évolution des pensions alignée sur les salaires jusqu’en 1993, a été ensuite indexée sur celle des prix faisant déjà perdre près de 20 % du pouvoir d’achat des pensions. Ce recul aggravé par le gel des pensions depuis 2013 et l’augmentation de la CSG de 1,7 point en 2018, sera accentué par les perspectives gouvernementales pour 2018, 2019 et 2020 qui feraient encore perdre 9 % au moins.
Les retraités ne sont pas un poids
Or, la justification de ces mesures, pour soit disant privilégier le travail et améliorer le sort des actifs, n’est qu’un faux prétexte pour masquer la réalité qui est de compenser les cadeaux aux grandes entreprises, aux actionnaires et aux plus riches (CICE, ISF, plafonnement de l’impôt sur les sociétés, …) au détriment des retraités qui font les frais de ces choix politiques. Réduire le pouvoir d’achat des retraités n’a jamais favorisé l’emploi ni permis à nos enfants de mieux vivre. N’en déplaise au premier ministre, et au président de la République, les retraités ne sont pas des privilégiés à la charge de la société, mais 16 millions d’acteurs économiques de premier plan, qui méritent le respect, et dont la pension de retraite n’est pas une allocation sociale mais un droit du salarié retraité lié aux cotisations versées (solidairement par les actifs) et une part des richesses créées (qui sont dans les cotisation sociales des entreprises) et celles durant sa vie active. C’est pourquoi la CGT revendique le retour à l’indexation automatique des retraites sur l’évolution des salaires. Elle appelle les retraités à exprimer leur mécontentement et leur colère en manifestant partout en France avec 8 autres organisations le 18 octobre prochain. Et à s’organiser syndicalement auprès de la CGT pour défendre leurs droits et revendications ! 16 Millions de retraités, c’est une force qui compte, qui peut compter dans la rue et électoralement !