La négociation entre l’UIMM et les organisations syndicales représentatives (CGT, CFDT, CGC, FO) concernant les classifications a duré un an et a été suspendue, par la volonté patronale. Le projet a été mis « au frigo » car, selon l’UIMM, il serait stabilisé (au terme de la négociation de tous les thèmes, les projets seront remis sur table pour une dernière lecture avant signature courant 2019).Pour la FTM-CGT, le projet d’accord mis en réserve casse intégralement les classifications telles qu’existantes pour en détourner l’essence en ne reconnaissant plus les diplômes et la qualification acquise et donc les salariés dans toute leur dimension professionnelle. L’UIMM veut classer le poste de travail et, de ce fait, le salarié ne sera plus reconnu qu’en fonction du poste occupé qui sera à la seule main de l’employeur. Beaucoup de salariés consultés sur ce sujet ont, de prime abord, le réflexe de dire « que cela ne change pas grand-chose à la pratique actuelle en matière de reconnaissance que ce soit salariale ou en matière de qualification.
Ca change quelque chose ?
Oui car depuis une dizaine d’années les entreprises, notamment les plus grandes, ont mis en place des classements parallèles aux classifications conventionnelles. Ces classements officieux correspondent à la fonction occupée. Ainsi, dans le groupe Thalès, ils ont pris le nom de niveau de responsabilité (NR) et s’échelonnent de 1 à 12. Pour mieux faire prendre en compte ce classement, le patronat assoit la partie précarisée du salaire (part variable) pour les ingénieurs et cadres sur ce classement (plus on monte dans ce classement plus le taux cible de la part variable est élevé). De ce fait, de plus en plus, il y a confusion entre les deux systèmes bien qu’ils soient fortement différents. Actuellement, l’employeur peut vous changer de poste de travail et même si ce nouveau poste est estimé moins qualifiant, il ne pourra à aucun moment vous baisser votre salaire et votre qualification. Par contre, votre niveau de responsabilité sera actualisé en fonction du poste occupé et s’il est moindre, votre part variable le sera aussi !
Partir du travail réel
Non, on le voit, si ce projet d’accord se met en place du fait de la signature d’une majorité de syndicats, la précarité salariale sera de mise et s’en résultera une évolution de carrière chaotique comme perspective.
Garder le principe de la reconnaissance des diplômes à l’embauche puis tout au long de la carrière reconnaître les qualifications acquises est une nécessité et un respect des travailleurs investis tout au long de leur vie professionnelle.
Mais le respect passe aussi par la reconnaissance du travail concrètement effectué. Pour cela, il y a nécessité d’écrire le travail demandé pour assumer le poste de travail occupé. Cette écriture qui doit être réalisée à quatre mains, celle du responsable technique et de l’intéressé s’appelle la fiche de poste. Cette fiche de poste est essentielle et nombre de salariés l’exigent pour tout simplement faire valoir leur évolution de carrière. L’écriture de la fiche de poste puis son existence permet aux salariés de parler du travail, de leur travail, en partant de l’écrit donc du prescrit, ils abordent le travail réel celui que chaque travailleur exécute au quotidien pour que celui-ci soit bien réalisé.
Cette fiche de poste qui, de fait, est évolutive avec l’acquisition de qualifications, est en opposition radicale avec ce que veut imposer l’UIMM qu’est le classement du poste de travail qui lui est immuable et ne donne aucune perspective d’évolution de carrière au salarié qui l’occupe.
Besoin de tenir les deux bouts !
Les salariés ont intérêt à garder une classification qui reconnait à l’embauche les diplômes puis l’expérience acquise (voir projet CGT) et exiger partout l’écriture des fiches de postes. Tenir les deux permet aux salariés de justifier ce que le patron leur doit pour reconnaître les qualifications mises à disposition et le travail fourni. Lâcher sur l’un de ces deux outils met les salariés en difficulté pour exiger leur du et pire encore, accepter ce que l’UIMM tente d’imposer va précariser fortement la carrière des salariés, sans plus aucune garantie d’évolution de carrière ni salariale.