L’actualité ne cesse de démontrer que l’histoire constitue un enjeu politique important. L’effacement des luttes sociales des programmes scolaires et des médias, la récupération politique de grandes figures du mouvement ouvrier ou encore la négation du rôle émancipateur des organisations syndicales et démocratiques sont autant d’exemples de la campagne idéologique qui est menée depuis plusieurs années.
Dans ce contexte, une bataille particulière se mène dans les entreprises. De plus en plus souvent, celles-ci financent des recherches et des ouvrages, organisent des expositions défendant une histoire d’entreprise dans laquelle les directions sont saluées pour leurs résultats économiques, tandis que les salariés sont singulièrement absents. Les tentatives de réhabilitation de Louis Renault, le portail « Histalu » sur l’histoire des entreprises de l’aluminium, le centre d’archives de Terre-Blanche du groupe PSA Peugeot-Citroën témoignent de l’étendue des moyens matériels et humains mis en œuvre.
Le mouvement syndical a donc une responsabilité dans l’écriture et la transmission de l’histoire et de la mémoire du travail, des travailleurs et de leurs organisations. Parce qu’il est acteur de cette histoire et détenteur de fonds d’archives incontournables sur ces questions, il doit s’exprimer pour faire connaître ce passé. Mais pour cela, les archives des syndicats et des USTM doivent être préservées, classées et indexées !
Malheureusement, les archives sont trop souvent entassées dans des armoires, dans les recoins des locaux syndicaux, dans les caves ou les greniers, quant elles n’ont pas été victimes d’une opération « nettoyage par le vide ». Soumises à la poussière, à l’empilement, aux dégâts provoqués par les insectes ou l’humidité, elles se dégradent et risquent de disparaître.
Les bagarres au quotidien dans les entreprises et les territoires, l’ampleur du travail de tri et de classement, le manque d’intérêt pour l’histoire parfois expliquent cette situation. Pourtant, il est essentiel de prendre le temps, ne serait-ce que pour dresser un état des lieux, pour savoir où se trouvent les archives, le volume qu’elles représentent, leur état de conservation. Trop souvent, on apprend que les archives de telle ou telle organisation ont disparu à l’occasion d’un déménagement ou de la fermeture d’une entreprise.
Voici cinq conseils pratiques à connaître :
1/ Le syndicat ou l’USTM doit préserver en priorité les documents dont il est le producteur.
2/ Trier signifie éliminer, et notamment les documents en plusieurs exemplaires (sauf ceux portant des notes manuscrites) ainsi que les documents non produits par l’USTM ou le syndicat, comme la presse fédérale par exemple. Mais n’hésitez pas à prendre contact avec l’IHS lorsque vous vous apprêtez à jeter de la presse fédérale, car il nous manque toujours certains numéros !
3/ Il faut respecter au maximum la manière dont les dossiers ont été constitués et ne pas redistribuer les documents selon sa propre logique.
4/ La seule entorse au principe précédent est le classement d’un vrac, c’est-à-dire d’un amas de documents ne présentant aucune logique, thématique ou chronologique, apparente. Il est alors possible de ventiler les documents dans les dossiers constituant le fonds d’archives.
5/ On rassemble tout d’abord les dossiers par grandes thématiques : procès-verbaux de comités d’entreprise, activités revendicatives, correspondances avec les syndicats, publications, etc. Puis, on classe au sein de chaque thématique, en choisissant un mode de classement (le plus souvent chronologique ou alphabétique) respectant au maximum le classement déjà existant. On peut ensuite ranger les dossiers dans des boites d’archives (8, 10, 12 cm). On rédige enfin un document relevant, pour tous les dossiers, le thème, la période couverte ainsi que le numéro de la boîte dans laquelle le dossier est inséré.
L’Institut d’Histoire Sociale de la Métallurgie est là pour aider les militants et les organisations à préserver leur mémoire. N’hésitez donc pas à prendre contact avec nous, en attendant la parution future d’une d’un guide des bonnes pratiques et l’organisation d’un stage de sensibilisation aux archives.