Répondant à la demande de temporisation par le gouvernement, le TGI de Strasbourg a donc octroyé 4 semaines de plus pour faciliter les négociations entre l’Etat et Vallourec, nécessaires pour faire avancer le projet de reprise par la société franco-belge Altifort. Une négociation légitime, l’Etat étant actionnaire à 16% de Vallourec, lui-même détenteur d’Ascoval à hauteur de 40%.

L’un des principaux sujets de cette négociation est l’obtention d’un engagement, par Vallourec, de maintenir un certain volume de commandes, au bon niveau de prix, durant 18 mois, temps nécessaire à la montée en puissance du projet industriel d’Altifort. Ce n’est ni plus ni moins que la prolongation du contrat commercial conclu entre Vallourec et Ascoval, qui a fonctionné  ces neuf derniers mois.

Bruno Le Maire, le 25 septembre, à l’issue de la rencontre avec l’intersyndicale et les élus de la région déclarait : « Ça va être difficile, je ne l’ai pas caché aux salariés, la conjoncture n’est pas bonne, Vallourec n’est pas en meilleure forme non plus, donc c’est compliqué ».

Petit rappel historique : au printemps 2016, Vallourec lance une opération de recapitalisation à hauteur d’1 milliard d’euros. L’Etat, sous la houlette du ministre de l’économie Emmanuel Macron, accorde au groupe 250 millions d’euros via la BPI, devenant du coup premier actionnaire à hauteur de 16% du capital. Vallourec ferme dans le même temps le laminoir de St Saulve (déjà !!), celui de Deville les Rouen, et supprime près d’1 millier d’emplois sur les 5 000 emplois que compte le groupe en France. Une opération de recapitalisation, avec l’aide du contribuable donc, quelque peu entachée par la prise de contrôle majoritaire, dans la foulée,  de l’entreprise Tianda Oil Pipe (TOP), en Chine, pour un montant d’environ 165 millions d’euros !

Suivront la cession de l’aciérie de St Saulve à Ascométal en janvier 2017 et la décision, en février dernier, de fermer la ligne chaudière de la tuberie de St Saulve (170 emplois directs).

Un désengagement, une délocalisation progressive plus exactement, dont on peut se demander quelles seront les prochaines étapes !!! Car rappelons que l’ensemble du périmètre Vallourec (Ascoval compris), sur le Valenciennois-Maubeugeois, c’est autour de 1700 emplois directs. Etant admis qu’un emploi direct dans la métallurgie en implique 3 autres, ce sont au total potentiellement près de 7000 emplois concernés, à terme, par l’avenir de l’aciérie et du reste !

Sans compter le site des Dunes (Schmolz&Bickenbach, ex Ascométal), sur Dunkerque, et ses 500 emplois directs, qui s’alimente à l’aciérie de St Saulve, pour que Valdunes (groupe MG Steel) puisse depuis ses unités de Dunkerque et Trith St Léger (à côté de Valenciennes, 300 emplois) fournir roues et essieux pour le ferroviaire, pièces essentielles à la sécurité des usagers.

Rappelons, pour fermer la boucle, que Vallourec aura enfourné, ces 10 dernières années, autour de 700 millions d’euros d’argent public (FSI, puis BPI, CICE, crédit impôt recherche, …) !

Alors, difficile cette négociation ? Pas tant que cela, c’est affaire de courage politique, d’autant plus quand on fait du redressement de notre industrie une priorité. L’assemblée nationale, dans sa commission d’enquête de 2013, a souligné l’urgence de l’intervention publique pour la filière acier, décrétée stratégique pour toute notre industrie.

L’acier est en effet un produit de base pour l’industrie et le bâtiment. Redresser l’industrie passe donc par nos capacités à produire de l’acier, tandis que nos importations en la matière ont augmenté de 52,8 % l’année dernière (notre balance commerciale est devenue déficitaire !). A titre d’illustration, nous produisons aujourd’hui trois fois moins d’acier que l’Allemagne.

Par ailleurs, les aciéries électriques permettent une production qui minimise les émissions de CO2 et recyclent la ferraille. La France est un gros exportateur de ferraille, alors que la valorisation de la matière prend une place de plus en plus importante en terme d’écologie industrielle. C’est ce qu’on appelle l’économie circulaire, les circuits courts. L’avenir de cette filière industrielle des aciéries électriques est donc garanti, si l’on passe de la parole aux actes.

L’aciérie d’Ascoval est totalement rénovée, c’est l’une des plus grosses du pays en terme de capacité de production (550 000 tonnes annuelles). Elle répond aux besoins primaires de la population dans les domaines de l’énergie, des transports, du BTP, etc. Pour preuve, tous ces marchés de l’acier sont en hausse sérieuse.

Au regard de ces enjeux industriels, environnementaux, et d’équilibre économique et social de plusieurs bassins des Hauts de France, la pérennité de l’aciérie de St Saulve doit être assurée. Il y a même lieu d’aller plus loin et d’exiger de Vallourec l’assurance du maintien et du développement de ses actifs en Hauts de France comme ailleurs dans le pays.

 

Communiqué de presse du 1er octobre 2018