Déclaration de la FTM-CGT du 13 avril 2016.
Un comité stratégique de filière «Industries extractives et de première transformation» s’est déroulé mardi 12 avril à Pont-à-Mousson, un comité paritaire exceptionnel avec la participation d’Emmanuel Macron, venu y faire un point sur la sidérurgie, filière à nouveau fortement restructurée dans la période. Tout un symbole, de l’organiser à St Gobain PAM, là où l’on trouve les derniers hauts fourneaux en activité de Lorraine. Car cette visite du site par le ministre et ses échanges avec les salariés ne peuvent occulter l’inaction du gouvernement pour contrer les fermetures de capacités de productions et les plans sociaux orchestrés par les patrons de l’acier.
La filière « fonte » comme la filière « aciers électriques » continuent d’être déstructurées :
– Chez ArcelorMittal, les suppressions d’emplois se poursuivent, et les investissements, déjà insuffisants sont freinés. Cette stratégie impacte sérieusement la fiabilité des outils (explosion d’une chaudière à Fos-sur-Mer le 18 mars dernier). Les lignes de productions françaises de l’entreprise sont saturées, suite aux suppressions de capacités (Florange, Basse-Indre, …) et ne répondent donc pas totalement à la demande d’acier (750 000 tonnes importées en France en 2015). D’où le double langage que nous dénonçons sur les importations chinoises, avec des bobines d’acier venant de Chine ou d’ailleurs, qui transitent ou sont transformées au sein de nos propres entités. La CGT a réaffirmé la nécessité de relancer les installations temporairement arrêtées de Florange et Basse Indre.
– Akers, fournisseur de cylindres de laminoirs hauts de gamme pour la sidérurgie française et européenne vient d’être mis en liquidation judiciaire, malgré des offres de reprise. Deux sites sont touchés, Thionville et Berlaimont, dans l’Avesnois. Une ineptie totale !
– Vallourec vient d’annoncer la fermeture de deux laminoirs (St Saulve dans l’Avesnois et Deville-Rouen en Seine Maritime) ainsi qu’un énième plan social, avec l’aval du gouvernement qui injecte de nouveau 250 millions d’euros au capital via la BPI. Dans le même temps, Vallourec a injecté 180 milliards de dollars pour prendre le contrôle total d’une entreprise chinoise.
– Franck Supplisson, patron d’Asco Industries (ex Ascométal), est en passe de reprendre l’aciérie de Vallourec St-Saulve. Cette opération pourrait impacter les autres sites d’Asco (Dunkerque, Hagondange, Fos-sur-Mer) ainsi que des suppressions d’emplois complémentaires.
Le gouvernement ignore totalement les recommandations phares faites par la commission d’enquête parlementaire sur l’avenir de la filière, en 2013, à savoir :
- Sécuriser nos capacités de production dans une filière clé pour toute notre industrie, capacités déjà réduites au-delà de la raison ces dernières années.
- Des prises de participations publiques au capital des grands groupes pour reprendre la main sur les stratégies opérées.
- Conditionner les aides publiques aux efforts d’investissement, de R&D, d’emploi.
- Renouveler d’urgence les compétences et favoriser l’attractivité des métiers.
Le sujet des importations chinoises est bel et bien l’arbre qui cache la forêt. La sidérurgie et les autres filières structurantes de notre industrie continuent d’être lâchées aux mains de la finance, avec de graves effets sur les outils, l’emploi, les compétences, et la production elle-même. En effet, c’est à des délocalisations progressives de productions auxquelles nous sommes confrontés.
La politique d’austérité menée en France et plus largement en Europe est également responsable des pertes des parts de marchés dans les débouchés de la sidérurgie, comme dans celui des transports, de l’énergie, du BTP, … Ceci a clairement été identifié dans les difficultés de charge de St Gobain PAM.
Enfin, rappelons que le ministre de l’économie et de l’industrie est aussi celui qui a co-rédigé le projet de loi travail, qui ne peut qu’aggraver la précarité, les conditions de travail et le pouvoir d’achat des salariés dans nos métiers de l’industrie. Est-ce cela sa proposition pour répondre à l’enjeu de l’attractivité de nos métiers ?
La Fédération des Travailleurs de la Métallurgie appelle les salariés partout dans le pays à amplifier leurs mobilisations pour le devenir de leur emploi, pour le devenir de l’industrie, combat complémentaire à celui mené actuellement contre la loi travail .