Hausse de la CSG, réduction des APL, casse du code du travail, traque aux travailleurs en recherche d’ emploi, … pour les uns, suppression de l’ISF, plafonnement de l’exit tax (destiné à juguler l’optimisation fiscale), baisse du taux d’imposition sur les sociétés (devant passer de 33% à 25% d’ici 2022) pour les autres. Les français doivent faire toujours plus d’efforts. Après les salariés et les retraités, les bénéficiaires des aides sociales sont dans le collimateur du gouvernement. Ce n’est pas nouveau, déjà l’an dernier devant les parlementaires, Emmanuel Macron fustigeait les aides sociales qui transformeraient les plus faibles en « mineurs incapables » et appelait à « se désintoxiquer de l’interventionnisme public ». En juin, nouvelle provocation du Président de la République « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux, et les gens sont quand même pauvres ». Le procédé est grossier.
Des chiffres qui ne trompent personne
Effectivement, les dépenses publiques de lutte contre la pauvreté ont augmenté depuis 2006, mais l’enveloppe totale en pourcentage du PIB reste stable, passant de 2,3 à 2,56 %. Notons au passage que ses statistiques regroupent l’ensemble des minima sociaux dont la prime d’activité ou encore les prestations familiales. Aussi, si la France est championne d’Europe dans les dépenses de protection sociale cela s’explique essentiellement par les risques vieillesses et santé. De plus, la France dépense plus, mais ramenée au nombre d’habitants, son enveloppe reste proche de celle des autres pays européens ayant un niveau avancé de protection sociale. Enfin, si l’effort financier concédé par la France pour réduire les inégalités se situe dans la moyenne européenne, au final, l’hexagone a l’un des taux de pauvreté les plus bas d’Europe. Ainsi, la France fait passer son taux de pauvreté, en 2015, de 23,9% de la population avant transferts sociaux, à 13,6% après. 5 millions de personnes sortent ainsi de la pauvreté grâce aux aides sociales. Une bagatelle ! Mais si malgré les aides sociales, encore trop de français ne s’en sortent pas, dire que la France est le pays qui a « le plus de mal à sortir les gens de la pauvreté » est mensonger.
Enrichir les riches
Si le président se permet d’être aussi calomnieux, c’est surtout pour plomber les dispositifs ! Son objectif est de réduire de 1% du PIB les aides sociales sous les injonctions de l’Union Européenne. Sa stratégie, pour relancer l’économie est la même que ses prédécesseurs : soutenir les premiers de cordée qui sont censés tirer l’économie. A ce titre, ils bénéficient des largesses de l’État. D’après Alternative Economique, le coût conjugué des dernières réformes (suppression de l’ISF, exit-tax) représente 10 milliards d’euros. Au total, « l’assistance aux plus riches » est estimé à 150 milliards d’euros par an hors fraude et évasion fiscales, et de l’ordre de 250 à 300 milliards, au moins, en incluant ces deux derniers coûts. On est très loin des 70 milliards d’euros des aides sociales !
Appauvrir l’Etat
Pire encore. Selon le ministère des Comptes publics, qui a publié, cet été, un rapport sur la situation des finances publiques en milieu d’année, les recettes fiscales de l’Etat ont reculé de 2,4 % par rapport au premier semestre 2017 à périmètre constant. Compte tenu de l’inflation, cela pourrait creuser un trou de 14 milliards d’euros sur l’année, soit 0,6 point de produit intérieur brut (PIB). La politique fiscale en faveur des plus riches creuse un déficit dans les caisses de l’Etat que l’on fait payer aux classes moyennes, aux plus pauvres, aux sans-emplois, aux retraités, … Ainsi, les vaches à lait payent plus pour moins de retombées ( casse des services publics) ! Comble de la modernité, le président invente la redistribution à l’envers : prendre aux pauvres pour donner aux riches. On comprend pourquoi, en cette rentrée, le gouvernement semblait hésiter à passer au prélèvement à la source en janvier prochain.