Lettre de Frédéric Sanchez, secrétaire général de la FTM-CGT à Monsieur Alexandre Sabot, président de l’UIMM et Monsieur Hubert Mongon, Délégué général UIMM du 3 juin 2016.
Monsieur le Président,
Depuis plusieurs mois à l’appel de 7 organisations syndicales,des mobilisations se tiennent sous différentes formes dans le pays pour exiger le retrait du Projet de Loi dit Travail. Projet de loi reprenant très largement d’anciennes revendications portées par les organisations d’employeurs.
Malgré un arsenal massif de communication médiatique, une large majorité de français, et plus particulièrement de salariés, rejette ce projet.
Non entendue par un gouvernement qui a refusé le dialogue, notre organisation syndicale a pris ses responsabilités comme elle a pu toujours et su le faire depuis sa création il y a 120 ans afin d’obtenir des garanties sociales de haut niveau pour l’ensemble des salariés.
Dans ce contexte, vos récentes déclarations (cf. communiqué de presse du 26/05/2016) et celles du Président du MEDEF sont lamentables et inadmissibles. Les mots utilisés nous font revenir 71 ans en arrière lorsque le gouvernement de Vichy traitait les résistants à l’occupation nazi (dont nombreux étaient à la CGT), de terroristes et saboteurs.
Pour le patronat de ce pays, prôner le partage des richesses et l’amélioration des droits sociaux, y compris par la grève serait du terrorisme, de la prise d’otage, de la violence sans nom.
Mais lorsque quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, et qu’ils décident de la fermeture d’un site, de la mise en concurrence entre entités, pour maintenir les exigences de rentabilité des actionnaires pour qui le travail n’est qu’une simple variable d’ajustement, n’est ce pas là que réside la violence dans notre pays ?
Vociférer dans les médias ou tenir l’engagement de créer un million d’emplois ?
Face à l’affaiblissement durable de l’industrie française, et à l’augmentation de la précarité de l’emploi, alors que le gouvernement soutient massivement par de l’argent public les entreprises pour relancer l’investissement et l’emploi, la responsabilité des premiers dirigeants patronaux est de mobiliser les richesses créées par les salariés dans les entreprises pour développer des produits permettant de répondre aux besoins et de créer des emplois de qualité. La branche de la métallurgie devrait s’atteler à cette charge importante et ne pas perdre du temps à enrichir la polémique ambiante.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.
Pour la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie CGT
Frédéric Sanchez
Secrétaire général