L’Institut d’histoire sociale de la métallurgie vient de faire paraître, aux éditions Le Geai bleu, un nouvel ouvrage consacré à Jean-Pierre Timbaud, dont la rédaction a été assurée par l’historien Pierre Outteryck. Nous reproduisons ci-dessous la préface de Philippe Martinez.
Évoquer la mémoire de Jean-Pierre Timbaud, c’est bien sûr évoquer le courage et l’héroïsme des 27 otages de Châteaubriand dont le jeune Guy Mocquet, fidèles à leurs idéaux et leurs valeurs jusque devant le peloton d’exécution, le 22 octobre 1941. C’est également rendre hommage à toutes les femmes et à tous les hommes qui ont combattu le nazisme et l’extrême-droite durant cette période sombre de notre histoire.
Jean-Pierre était un métallo parisien, mouleur, artiste fondeur. Il offrit d’ailleurs une statue de bronze qu’il avait réalisée aux jeunes mariés, Henri et Cécile Rol Tanguy. Il fut un militant, un dirigeant du syndicat des métaux de la région parisienne, et plus globalement de la fédération et, à ce titre, un acteur important des grandes grèves des années trente qui conduiront à celle de 36, signataire aux accords de Matignon.
Une grande rue de Paris porte son nom, c’est là où se trouve la maison des métallos, le célèbre « 94 » pour les militants parisiens. C’est également le nom d’un des centres de formation de l’Association Ambroise Croizat et de l’union fraternelle, d’écoles, de lycées, de nombreuses rues partout en France… et même d’une avenue à Berlin, jusqu’à la chute du mur.
Ceux qui voulaient mieux le connaître pouvaient se procurer le beau livre témoignage de son ami Lucien Monjauvis. Malheureusement depuis 2010, cet ouvrage était introuvable, épuisé malgré un tirage important.
La Fédération s’est inquiétée de ce vide laissé dans une des pages importantes et pas des moins glorieuses de son histoire. L’Union Fraternelle, qui commémore chaque année, grâce à son président Lucien Grimault, la mémoire de Jean-Pierre le 8 mai, jour de la Victoire, l’association Châteaubriand, Voves Rouillé Aincourt et ses dirigeants Hubert Doucet et Odette Nilès, l’Institut d’Histoire Sociale de la Métallurgie avec Claude Ven et Jean-François Caré et enfin Jacqueline, la fille de Jean-Pierre Timbaud, que nous remercions chaleureusement pour ses nouveaux témoignages, ont favorisé la parution de ce livre qui s’appuie sur celui de Lucien Monjauvis. Toutes et tous ont convenus de remettre en lumière notre camarade Jean-Pierre Timbaud et de contribuer au montage financier de cette parution.
Pierre Outteryck, professeur agrégé d’histoire, à qui nous avons confié cette tâche, a travaillé à partir des archives et des témoignages. Il a complété la belle biographie précédente en réinvestissant, sans le trahir, la force du témoignage de Lucien Monjauvis.
La parution de ce livre sur Timbaud est donc indispensable pour transmettre cette histoire du mouvement ouvrier et du syndicalisme CGT en particulier. L’histoire d’un militant et d’un dirigeant de notre fédération qui a marqué son temps mais surtout préparé l’avenir de notre pays avec d’autres de ses camarades.
On a coutume de dire que l’histoire ne se répète pas et que chaque époque est différente. Pourtant, face à tous ceux qui prône quotidiennement la résignation et l’abandon des droits sociaux, ceux qui divisent les salariés pour mieux préserver leurs privilèges, cet esprit de résistance, cette vision d’un monde plus juste restent des repères pour toutes les générations de militants.
Je souhaite que cet ouvrage puisse permettre à tous les camarades qui se réunissent dans cette grande salle de la fédération de mieux connaître encore celui dont elle porte le nom.
Je souhaite qu’il contribue également à cultiver, parmi nous, ces objectifs de conquêtes et de modernité au travers d’un des dirigeants les plus symboliques de notre fédération. Bonne lecture à toutes et à tous.
2014 | 192 pages | 14 euros