Né le 13 avril 1930 à Reims, Jean-Claude Poitou a grandi au sein d’une famille catholique pratiquante. Son père est professeur de latin-grec dans un collège jésuite à Reims et sa mère décède alors qu’il est tout jeune, en 1934. Son père se remarie, mais sa seconde épouse décède peu après, durant la Seconde Guerre mondiale. Il a une sœur et deux demi-frères, tous plus jeunes que lui.
Il envisage un temps de devenir prêtre et part avec cet objectif à Lisieux. Comme son beau-frère, il est profondément attiré par la démarche des prêtres-ouvriers, mais il quitte finalement le séminaire pour se rendre à Paris. Il obtient brillamment son baccalauréat, avant de partir faire le tour d’Italie en mobylette avec un ami. À son retour en France, il travaille quelques temps dans un cabinet d’architecte spécialisé dans la reconstruction d’exploitations agricoles dans le Nord et l’Est de la France. Il choisit finalement de suivre un apprentissage de fraiseur au centre de formation professionnelle Bernard-Jugault de l’Union des syndicats CGT des travailleurs de la métallurgie de la région parisienne.
Il commence à travailler aux usines Saurer, à Suresnes, un fabricant de poids lourds. Licencié en 1952, il retrouve du travail dans la même branche, chez Willème, à Nanterre. Il y rencontre Alain Stern*, avec lequel il reconstruit l’organisation syndicale.
Ensemble, ils créent un journal ronéotypé intitulé Liberty, du nom des camions américains récupérés par Willème à la fin de la Première Guerre mondiale. Une section syndicale est rapidement remise sur pied.
Il se marie en 1957 et le couple donne naissance à une fille en 1959.
En 1960, Jean-Claude Poitou, membre du bureau du syndicat de la métallurgie de Nanterre, est élu secrétaire général de l’Union locale de Nanterre. Il s’illustre notamment dans les luttes contre les licenciements et les fermetures d’usines.
En 1965, il est remplacé par Alphonse Hamoniaux et il quitte la France, accompagné de sa famille, pour diriger deux années durant le bureau d’éducation syndicale de la Fédération syndicale mondiale à Bamako (Mali).
À son retour, il intègre La Vie ouvrière comme journaliste. Il continue de se déplacer régulièrement à l’étranger, notamment en Europe de l’Est et plus particulièrement en Allemagne de l’Est et en Tchécoslovaquie. Il participe également à de nombreuses délégations, comme à Samarcande, en Chine, à New-York, à Saint-Pierre-et-Miquelon ou en Afrique.
Reconnu et apprécié pour la vigueur de sa plume, pour son fameux « coup de colère » hebdomadaire, Jean-Claude a été rédacteur en chef adjoint de La VO à partir de 1974, puis le rédacteur en chef de 1986 à 1991, date à laquelle il fait valoir ses droits à la retraite.
Il travaille alors au développement de VO Éditions pour lesquelles il rédige plusieurs ouvrages, ainsi qu’à deux recueils de poèmes.
Passionné d’histoire, il était également membre du Conseil d’administration et du Bureau de l’Institut CGT d’histoire sociale.
Il est décédé le 9 juin 2017.
ŒUVRES : Balayages, Le Temps des Cerises, 2011. — Épluchures, Le Temps des Cerises, 2007. — Le syndicat, laisse-moi te dire, VO Éditions, 2000. — Chômage. Chronique d’une révolte annoncée, Le Temps des Cerises, 1998. — Un moi de mai très occupé (avec Jean-François Jousselin), VO Éditions – Le Temps des Cerises, 1998. — Syndicalisme, les nouveaux défis (entretien avec Louis Viannet), Éditions de l’Atelier – VO Éditions, 1995. — La Mine d’enfer, VO Éditions, 1993. — Management contre liberté à EDF-GDF, Éditions sociales – VO Éditions, 1993. — Chronique d’une année de chômage, Messidor – VO Éditions, 1988. — Des voitures et des hommes, avec Louis Géhin, La Découverte, 1984. — Cent VO clandestines, 1940-1944, VO Éditions, 1984. — Nous, les mineurs, FNTSS-CGT, 1983. — Vos luttes, camarades, Éditions sociales, 1982. — Frères. La lutte anticolonialiste de la CGT, CGT, 1980. — Affiches et luttes syndicales de la CGT, Chêne, 1978
SOURCES : D. Brooks, « Notre ami Jean-Claude Poitou n’est plus », NVO (en ligne). — P. Outteryck, Hélène et Alain Stern. Les métallos et l’anticipation sociale. — S. Ducrocq, 1945-1985. Histoire de la CGT à Nanterre. — J.-P. Dedieu, « L’internationalisme ouvrier à l’épreuve des migrations africaines en France », Critique internationale, 2011, n° 50. — Entretien avec sa fille, juin 2017.