Les métallos ont, en France, une fibre internationaliste bien ancrée. Pour preuve, deux ouvriers du bronze, Henri Tolain et Joseph Perrachon, ont participé à la fondation en 1864 de la Première Internationale – l’Association internationale des travailleurs (AIT). Lors de sa dissolution en 1872, une vingtaine de chambres syndicales métallurgiques françaises y étaient adhérentes, alors même que leur existence était proscrite par la loi Le Chapelier de 1791.
La FIOM
Après une éclipse de quelques années, les relations entre organisations nationales de métallurgistes reprennent. Les conférences internationales des ouvriers sur métaux de 1893, 1896 et 1900 ouvrent la voie à la création, en août 1904, de la Fédération internationale des ouvriers sur métaux (FIOM). Si son rôle est modeste, centraliser les données statistiques et harmoniser les revendications, elle permet de confronter les différentes cultures syndicales. Mais avec l’éclatement de la Première Guerre mondiale les nationalismes l’emportent sur la solidarité de classe.
De rares voix, parmi lesquelles celle d’Alphonse Merrheim, secrétaire de la Fédération CGT des métaux, s’élèvent contre la guerre. Elles s’unissent à l’occasion des conférences internationales de Zimmerwald (1915) et de Kienthal (1916) pour revendiquer une paix immédiate, sans annexions.
Une première division
Les Révolutions russes de 1917 aiguisent les tensions entre « réformistes » et « révolutionnaires », ce qui se traduit par une profonde rupture au sein du mouvement ouvrier. En France, les « révolutionnaires », exclus de la CGT en 1921, fondent la CGTU.
Sur le plan international, la Fédération CGT des métaux conserve son rattachement à la FIOM, désormais membre de la Fédération syndicale internationale (FSI) créée en 1913, tandis que la CGTU adhère à l’Internationale syndicale rouge (ISR) au sein de laquelle est mis sur pied en 1922 un Comité international de propagande et d’action des métallurgistes révolutionnaires (CIPAMR).
FIOM et CIPAMR défendent deux conceptions du syndicalisme : expertise, politique de présence dans les institutions et réforme du capitalisme pour la première ; grèves dures, luttes antimilitariste et anticapitaliste vers une nouvelle société sans classes pour la seconde.
Toutefois, la réunification de la CGT et de la CGTU en 1936 conduit au regroupement au sein de la FIOM et à la mise en sommeil du CIPAMR.
Une seconde division
Durant la Seconde Guerre mondiale, des structures de coopération syndicale internationale coexistent, avant la naissance, en octobre 1945, d’une centrale unique, la Fédération syndicale mondiale (FSM). Mais l’unité est de courte durée. L’avènement de la Guerre froide se traduit par de nouvelles scissions, soutenues par les États-Unis : création de la CGT Force ouvrière en 1947, puis de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) en 1949.
La FIOM, après cinq ans d’inactivité, reprend son action à l’été 1945. Elle refuse, avec d’autres fédérations professionnelles, d’intégrer la FSM, avant de rejoindre finalement la CISL.
Décision est prise au sein de la FSM de constituer une Union internationale des syndicats (UIS) des industries métallurgiques et mécaniques en juin 1949 au sein de laquelle des militants de notre fédération ont joué un rôle de premier plan : Henri Jourdain, Marcel Bras, Pierre Baghi, Alain Stern, Livio Mascarello, Jean Breteau ou encore Pierre Gensous qui nous a récemment quittés. Ils défendirent notamment en son sein la prise en compte syndicale du phénomène des multinationales, la spécificité d’action de l’UIS au sein de la FSM et le développement des coopérations avec des centrales syndicales non membres de la FSM.
La chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique fragilisent la FSM et son UIS Métaux. Le débat, présent au sein de la CGT depuis la fin des années soixante-dix, sur l’intérêt de continuer à y être affilié, s’intensifie et aboutit au départ de l’UIS Métaux en 1994 et de la FSM en 1995.
La FEM et la FIOM
L’isolement international est de courte durée. La perspective d’une affiliation à la FIOM est actée par le 36e congrès fédéral en 2001. Parmi les arguments avancés, il est rappelé qu’elle est la première organisation syndicale internationale de la métallurgie, qu’elle regroupe des organisations syndicales nationales d’une grande diversité avec lesquelles la CGT a des affinités (NUMSA-COSATU d’Afrique du Sud, CNM-CCUT du Brésil, KMWF-KCTU de Corée du Sud, TCA-CAW du Canada), qu’elle doit permettre à la CGT de réintégrer l’Organisation internationale du travail (OIT) et ses commissions de travail. L’adhésion de la FTM est officialisée au 30e congrès de la FIOM, en novembre 2001.
Sur le plan européen, la Fédération européenne des métallurgistes (FEM), fondée en 1971, regroupe les fédérations nationales sectorielles, elles-mêmes affiliées à leur confédérations nationales, membres de la Confédération européenne des syndicats (CES). La FTM-CGT sollicite son adhésion à partir de 1979, mais celle-ci n’est finalement acceptée qu’en novembre 1999, au moment où la CGT peut intégrer la CES.
Vers IndustriAll
Le congrès de la FEM, en 2007, est l’occasion d’un premier rapprochement avec deux autres fédérations européennes, la Fédération européenne des syndicats des mines, de la chimie et de l’énergie (EMCEF) et la Fédération européenne du textile, de l’habillement et du cuir (ETUF-TCL). Ce processus aboutit, en mai 2012, au congrès de fusion qui donne naissance à IndustriAll European Trade Union (IndustriAll Europe).
En parallèle, la FIOM, la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l’énergie, des mines et des industries diverses (ICEM) et la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC) signent en mars 2009 à Francfort une déclaration d’intention pour créer une « fédération syndicale internationale unifiée de l’industrie ». Le congrès de fusion, en juin 2012, permet de former une nouvelle fédération syndicale internationale : IndustriAll Global Union.