Depuis près de trois ans, une négociation est engagée au niveau national entre le patronat de la métallurgie (UIMM) et les organisations syndicales représentatives CGT, CFDT, CGC et FO. Il s’agit de revoir l’ensemble des garanties collectives qui organisent la vie au travail de 1.4 million de salariés de la branche. Retour avec Alain HEBERT, membre du bureau fédéral et responsable de la délégation sur la démarche, les revendications et les actions de la CGT.

Que revendique la CGT dans cette négociation ?
La négociation a été divisée d’un commun accord en 11 thématiques. Sans parler du fond pour lequel nous avons de profonds désaccords avec l’UIMM, ces thématiques constituent l’ossature d’une convention collective nationale (CCN) qui, je le rappelle, est une revendication de très longue date de la CGT Métallurgie. A partir de notre propre projet de CCN de progrès social, notre délégation a formulé pour chaque thème des exigences fondées sur nos repères revendicatifs.

Quelques exemples pour illustrer ?
Nous avons proposé un système de classification fondé sur les savoirs et savoir-faire du salarié riche de ses diplômes et son expérience, avec une garantie d’évolution de la classification tous les 4 ans et un doublement du salaire sur la carrière. La réduction du temps de travail à 32 h a été notre fil conducteur pour le thème relatif à l’organisation du travail, ainsi que la limitation du forfait à 200 jours accompagné d’une évaluation et d’un contrôle collectifs de la charge de travail. Pour la santé au travail, la CGT a revendiqué une meilleure prévention des situations de pénibilité ainsi que le départ anticipé en retraite des salariés dans ce cas. Nous avons également insisté pour que soit gravé dans le marbre un réel principe de précaution face aux nouveaux process de fabrication et leurs risques éventuels (ex : utilisation de nanotechnologies).

Où en sont actuellement les discussions ?
Ce sont les droits individuels des salariés, de l’embauche à la rupture du contrat de travail, qui sont sur la table. Face à un patronat qui n’a de cesse de raboter les droits des salariés et ce, quelle que soit leur catégorie professionnelle (moins de jours d’ancienneté, absence de garantie d’emploi en cas de maladie, moins d’heures pour recherche d’emploi…), la délégation mène la bataille pour l’harmonisation des droits entre les territoires et entre les catégories sur la base du mieux-disant de ce qui existe et l’innovation sociale, par la création de droits nouveaux participant à redonner de l’attractivité à nos métiers (ex : congé paternité allongé, portabilité des droits…).

Que fait la CGT pour déployer l’information auprès des salariés de ce qui se trame avenue de Wagram ?

Depuis 3 ans, la fédération a démultiplié les journées d’études pour les militants dans les territoires et les entreprises (environ 4200 militants formés). Des AG de salariés ont aussi pu être organisées ainsi que des conférences de presse locales. Par ailleurs, lors de chaque séance de négociation (un vendredi sur deux) un « écho des négos » est publié par écrit, pour affichage, mais aussi sous forme vidéo sur les réseaux sociaux. Enfin, la fédération a diffusé de nombreux tracts et livrets sur chacun des thèmes soumis jusqu’alors à discussion.

Il reste encore 6 sujets à négocier dont la formation professionnelle, la prévoyance, les rémunérations et le dialogue social en entreprise, que prévoit la fédération pour cette dernière année de négociation ?
Nous devons empêcher le patronat d’arriver à ses fins et réussir à imposer notre CCN de progrès social et de haut niveau pour tous les métallos. Il nous faut pour cela la démultiplier dans toutes nos formes d’information et d’actions. Les journées d’études doivent être relancées partout pour que tous nos militants deviennent les acteurs de cette négociation. Le Conseil National de la fédération a également décidé de faire, dès la rentrée de septembre, des vendredis de négociation des temps forts de mobilisation et de déploiement dans les territoires et les entreprises. Pour cela, des tracts seront à la disposition des militants. Pour alimenter la bataille des idées, un nouveau Café des Luttes sera consacré à ces négociations (le 23 septembre prochain) et la fédération éditera un journal spécial CCN à 100.000 exemplaires. Ce dernier sera mis à disposition lors des Assises de la convention collective d’ores et déjà programmées le 1er octobre prochain à Montreuil. Tous ces éléments participeront sans nul doute à la construction de la mobilisation du 6 décembre prochain à Paris devant l’UIMM, décidée par notre Conseil national, dont l’objectif est de réunir au moins 10.000 métallos.

Alors, on ne lâche rien ?
Evidemment on ne lâche rien et en continue de construire pied à pied le rapport de forces pour gagner notre convention collective nationale de haut niveau et de progrès social.