Intervention de Claude Ven, président de l’HS CGT Métallurgie le 28 février 2014.

Cette cérémonie fut l’occasion de rappeler, au travers de son parcours, la place et le rôle majeur des syndicalistes CGT et des militants communistes dans la résistance à l’occupant nazi, la libération du territoire national et l’écrasement du régime hitlérien. Fille de François Le Bihan, un des membres fondateurs du Parti Communiste Français, Cécile a toujours été, et depuis son plus jeune âge, une militante ardente et dévouée. Embauchée à 17 ans comme dactylo au syndicat des métaux parisiens, elle y fait la connaissance d’un jeune homme volontaire, animateur des luttes aux côtés de Jean-Pierre Timbaud, Roger Linet et toute l’équipe des dirigeants de l’époque. Henri Rol-Tanguy vient d’entrer dans sa vie et cela pour les 65 années qui suivront. Lorsque celui-ci rejoint, en 1937, les Brigades Internationales pour se battre aux côtés des républicains espagnols contre les fascistes de Franco, elle accepte d’être sa marraine de guerre.

Et c’est en toute lucidité qu’ils décident de se marier en avril 1939. En effet, Henri lui assure que d’ici 6 mois il y aura la guerre. Henri mobilisé, Cécile vivra seule la défaite, l’occupant nazi défilant sur les Champs-Élysées, l’arrestation de son père qui sera déporté en 1942 et ne reviendra pas d’Auschwitz, mais aussi la mort de sa fi lle. Aussitôt elle rentre en résistance : « je n’avais plus rien à perdre, je suis entrée dedans sans état d’âme… c’était mon chagrin, c’était aussi ma façon d’y faire face ». Elle sera alors, tour à tour, Jeanne, Yvette ou Lucie. Henri est démobilisé en août et c’est grâce à elle qu’il rejoindra, à son tour, la résistance et reprendra contact avec les camarades. Dès lors, ils s’engagent tous les deux dans la lutte clandestine contre l’occupant sans renoncer à leur vie de couple. Hélène, l’ainée de leurs quatre enfants, naitra en mai 1941 puis Jean en novembre 1943. Au cœur des années les plus sombres de notre histoire, dans la crainte permanente d’être suivie, découverte, trahie, la peur au ventre, toujours sur la brèche, de logements en caches, Cécile assure sa mission d’agent de liaison. Profitant du landau ou prennent place ses enfants, elle transporte des journaux clandestins, des révolvers, des grenades quand ce n’est pas la mitraillette d’Henri. Ils rédigent ensemble la publication clandestine : le franc-tireur parisien. Chef des FFI de l’Ile de France depuis mai 1944, Henri est l’instigateur du soulèvement parisien et c’est Cécile qui tape le texte de l’appel à l’insurrection en aout 1944.

Femme d’officier, du colonel ROL, après la libération, elle n’en continuera pas moins à exprimer et défendre ses idées. Militante du droit des femmes, elle rappellera sans cesse que si le Général de Gaulle leur a concédé le droit de vote en 1945, c’est bien par la lutte qu’elles l’ont gagné. Et c’est encore au nom des femmes, de celles qui se sont engagées dans la résistance, qui se sont battues, sont mortes ou disparues, anonymes, rentrées chez elles à la libération sans aucune reconnaissance, qu’elle accepte aujourd’hui l’hommage de la Nation. Cette grande dame qui, tout comme son mari, n’avait pour seule ambition personnelle que de travailler au service des autres, n’a pas le sentiment d’avoir eu une vie ou un comportement exceptionnel. A la demande de Cécile, notre Fédération était représentée lors de la cérémonie en la personne du président de notre IHS.

Nous aurons prochainement l’occasion et notamment au 40e; congrès, de lui témoigner notre admiration et notre reconnaissance pour ce parcours exemplaire, mais aussi notre affection et notre amitié, à cette camarade toujours présente à nos cotés.