« Ici la FTM-CGT, après le signal sonore vous aurez quatre minutes d’enregistrement. » Ces quelques mots, vous pouviez les entendre à partir du 11 septembre 1978, en composant le 292-29-54. Ce numéro vous mettait alors en relation avec le répondeur téléphonique fédéral fonctionnant 24/24 et 7j/7, pour permettre aux militants d’indiquer rapidement à la fédération le fruit des luttes et des campagnes de syndicalisation.
Un outil innovant
La CGT a toujours suivi avec intérêt les évolutions techniques en matière de diffusion de l’information. Avancée parmi d’autres, le répondeur téléphonique automatique a connu une brève application dans le champ syndical et patronal au tournant des années 1970-1980, avant d’être victime de la démocratisation conjointe du minitel, de la bureautique et surtout de la télécopie. Ainsi, Force ouvrière se dote d’un journal sonore – c’est-à-dire l’enregistrement d’un bulletin lu sur la bande sonore d’un ou de plusieurs répondeurs automatisés, librement consultable à distance par un simple appel téléphonique – intitulé FO Informations téléphone en juin 1976, tandis que le CNPF, l’ancêtre du Medef, lance, sur le même modèle, La Voix des entreprises en décembre 1976.
La CGT diffuse son propre journal sonore, intitulé Allo CGT, de septembre 1978 à l’année 1982, selon une périodicité marquée par plusieurs interruptions. Le journal sonore présente une série d’avantages. Outil peu coûteux, il permet de diffuser sans contrainte de temps. Facile d’accès, il peut être consulté sans attente partout en France. Enfin, il offre la possibilité d’être modifié à tout moment, selon les développements de l’actualité. Facilité d’accès et forte réactivité garantissent ainsi aux organisations de pouvoir informer largement et rapidement leurs troupes respectives. L’heure de la première diffusion en est le symbole. Ainsi, Allo CGT débute à 6 heures du matin « pour pouvoir être exploité dans les entreprises dès l’embauche du matin ».
Le répondeur fédéral
L’exemple d’Allo ! 292-29-54 se rapproche davantage du modèle mis en place par le secteur confédéral « Organisation » avec Allo l’Orga. En effet, il ne s’agit pas diffuser un journal, mais d’enregistrer au contraire à toute heure les messages laissés par les militants.
La bande du répondeur téléphonique de la Fédération des métaux est ainsi écoutée deux fois par jour et les informations sont transmises aux permanents. Ensuite l’ensemble des luttes et des succès communiqués sont joints aux relevés que la Fédération établis chaque semaine et qui sert de base à l’analyse du mouvement revendicatif par le Bureau fédéral. Enfin, il permet de populariser un bilan des luttes et des succès plus étoffé.
Nous ne pouvons dresser un bilan que pour les deux premières semaines d’activités, grâce au Courrier fédéral du 22 septembre et à celui du 29 septembre 1978. Au total, sur les 109 messages enregistrés, 78 concernent des luttes d’entreprises ou de territoires, 14 le résultat de négociations collectives, 11 les discussions de la ressource annuelle garantie et 6 points divers.
Cette expérience ne semble pas avoir perdurée au-delà de l’année 1978. Si elle est encore mentionnée dans le bilan annuel des luttes et succès paru dans l’Actualité fédérale du 6 février 1979, il n’y est semble-t-il plus fait mention après cette date. Sa faible utilisation ou encore la concurrence grandissante du télécopieur peuvent expliquer cette disparition rapide. Quoiqu’il en soit, la centralisation des luttes et des succès au niveau fédéral est un enjeu toujours d’actualité. N’hésitez donc pas à les faire connaître, en prenant contact avec la Fédération ou encore en utilisant la rubrique « proposer une lutte » sur la page d’accueil du site internet fédéral.