Fraiseur de formation, Francis fut délégué CGT du personnel à la Compagnie Electro Mécanique, membre de la commission exécutive du syndicat des métaux CGT du Bourget, membre du secrétariat de l’USTM CGT 93 (1973-1983), membre du bureau et du secrétariat de la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie (1983-1997).

Né le 26 septembre 1941 à l’hôpital Saint-Louis à Paris (10e arr.), il a grandi à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) dans un milieu ouvrier. Ses parents possédaient une boutique de cordonnerie, que sa mère tenait la journée. Son père se levait tôt le matin pour s’employer comme peintre en bâtiment dans l’entreprise que dirigeait son frère et réalisait les travaux de cordonnerie le soir. Il est le cadet d’une fratrie comportant deux frères et une sœur. Son frère était bottier, l’autre ajusteur et sa sœur travaillait au comité d’entreprise de la SNECMA, après avoir travaillé dans les bureaux aux PTT.

En 1950, il entre dans une école confessionnelle catholique, puis passe son CAP de fraiseur. Tous les ans, il participe aux colonies de vacances organisées par la ville de Drancy, jusqu’à l’âge de 17 ans.

En 1958, il entre à la Compagnie Électro Mécanique (CEM) au Bourget (Seine, Seine-Saint-Denis) comme fraiseur pendant une année environ, puis comme fraiseur-pointeur. Cette usine produit des grosses turbines à vapeur ainsi que des gros alternateurs pour les centrales nucléaires.

Il fait son service militaire en Allemagne, durant une année, puis quatre mois en Algérie. Il finit au grade de sergent. Il en profite pour lire et pratiquer du sport, tout en étant marqué par la violence de la guerre et les dégâts sur les hommes.

À son retour, il retrouve son emploi à la CEM. Il se marie en Juillet 1964 avec Monique qui lui donnera une fille pascale un an plus tard. En janvier 1964, il se syndique au syndicat CGT, en raison de la proximité de ses idées, mais aussi parce que son beau-frère y était syndiqué. En septembre de la même année, il se présente, avec succès, aux élections comme délégué du personnel. Dans le cadre de son activité syndicale, il argumente en faveur de l’ouverture sur les structures syndicales extérieure à l’usine et intègre à ce titre la commission exécutive du syndicat local de la métallurgie du Bourget.

Durant les événements de mai-juin 1968, l’usine est occupée durant un mois. Elle compte alors environ 2 500 salariés. L’activité est intense, les assemblées générales quotidiennes. Il se souvient « avoir vécu des trucs forts, au niveau démocratiques justement. » Il fut chargé de prendre la parole de l’entrée de l’usine Philips, au Bourget, pour inciter les salariés à entrer en grève, dans cette entreprise où la CGT était absente. « J’y suis allé, j’ai jacté comme je pouvais, j’avais rien d’écrit, ça c’est un souvenir ! »

Plusieurs centaines de salariés, principalement de l’encadrement, tentèrent de rentrer dans l’usine, ce qui ne manqua pas de susciter des tensions. Durant cette occupation, Monique, avec laquelle il s’est marié quatre ans plus tôt, s’occupe de leur jeune fille et aide sa mère à tenir sa boutique de triperie. Après 1968, le syndicat a, selon ses propres mots « acquis une certaine autorité, que l’on n’avait pas précédemment. » Celui-ci comptait une centaine de syndiqués et était dirigé par José Pardo, un militant d’origine espagnole.

En 1973, il intègre le secrétariat de l’Union des syndicats des travailleurs de la métallurgie (USTM) de Seine-Saint-Denis. Il explique : « Alors que je travaillais le soir, dans mon usine, devant ma machine, il y a le gardien qui vient et qui me dit : on te demande à la porte. Je me pointe et je vois le secrétaire général de l’USTM, Gilbert Lebescond. Pourquoi tu viens là, je lui demande. Il me branche et me demande si je serais d’accord pour venir à l’USTM. C’est le ciel qui me tombe sur la tête ! J’étais à mille lieux de tout ça ! » Il devient donc permanent, en charge plus particulièrement du suivi de l’usine Citroën d’Aulnay (Seine, Seine-Saint-Denis) alors en construction. Il a alors « fait connaissance avec la lutte, la lutte qui ne rigolait pas », en insistant : « Les mecs qui militaient là-dedans, que ce soit de la CGT ou de la CFDT, ce n’était pas de la tarte. » Tous les mois, avec Christian Bonnin, il organisait une réunion des syndiqués et sympathisants CGT à la salle communale d’Aulnay, malgré la répression patronale et de la Confédération française du travail (CFT). Il est également l’un des organisateurs du « Printemps de la dignité », les grandes grèves victorieuses qui touchèrent Citroën en 1982.

Il a aussi suivi les luttes contre les fermetures d’usine en Seine-Saint-Denis, comme Cazeneuve à La Plaine-Saint-Denis (1976-1979), Mecano à La Courneuve (1976-1978) ou Idéal-Standard à Aulnay (1975). Durant ce dernier conflit, il se souvient : « Monique s’est retrouvée seule, à vivre dans une caravane en attendant que j’achève la construction de notre maison. Mais le conflit m’obligeait à rester avec les salariés, pour occuper l’usine et organiser des actions. Heureusement que des camarades de la CGT du département sont venus donner un coup de main pour achever le chantier ! ».

Lors du 29e congrès fédéral, à Saint-Étienne, en novembre 1976, il est élu au comité exécutif fédéral (CEF). Il intègre le Bureau fédéral ainsi que le Secrétariat fédéral à l’occasion du 31e congrès fédéral de Saint-Ouen en avril 1983. Dans un secrétariat composé d’André Sainjon, de Jean Desmaison, d’Hubert Doucet et de Serge Lelay, il est plus particulièrement chargé de la trésorerie fédérale. Il est de ceux qui, au niveau du secrétariat et du bureau fédéral, s’opposent à André Sainjon, de la lutte pour la défense des Chantiers navals de La Ciotat (1986) jusqu’à la démission de ce dernier à l’été 1988. Il quitte la direction fédérale après le 35e congrès fédéral, à Paris La Villette, en 1997.

Très sportif, il a pratiqué du football, du handball, de l’athlétisme. Il a découvert le sport à l’occasion du patronage du jeudi, mais également grâce aux clubs sportifs existants au sein du comité d’entreprise de son usine. Il a notamment joué en première nationale au handball, en tant que gardien de but, au club de Drancy.

Francis avait pris sa retraite dans le Luberon. Resté très attaché à la CGT il était attentif aux évolutions sociales. Lecteur assidu et critique des écrits fédéraux, il se préoccupait sans cesse du sort de sa fédération, des métallos et de tous les salariés.

Adhérent depuis l’origine à l’IHS CGT de la métallurgie il ne manquait jamais une de nos publications. Sa santé l’empêchant de se déplacer depuis de nombreuses années il était toujours enthousiaste de la visite ou des appels des camarades.

De nombreux anciens dirigeants ont salué le rôle central qu’il joua lorsque la FTM fut confrontée à des difficultés internes au cours de années 80 et rappelé son attachement, jamais démenti et sa fidélité à son engagement de classe qui restent pour chacun d’eux tout à fait remarquable. Il a écrit, dans un souci collectif de dignité et d’émancipation, une belle page de l’histoire des métallos CGT.

Nos pensées vont à son épouse, Monique, sa fille pascale et son petit-fils Antoni.

C’est avec reconnaissance, respect et affection que nous saluons notre ami et camarade.