Communiqué de NUMSA du 20 Aout 2013 (traduction FTM-CGT)

Le syndicat national des métallos d’Afrique du Sud (NUMSA) appelle l’Organisation des Employeurs du secteur de la Construction Automobile (AMEO) à sortir de leur intransigeance en revenant à la table de négociation (National Bargaining Forum – NBF) et à répondre aux revendications des travailleurs.

Les travailleurs ont décidé en dernier ressort de partir dans une grève illimitée car tous les autres moyens d’actions n’ont pas réussi à convaincre les employeurs de revoir leur proposition et de revenir négocier. Les dizaines de milliers de membres de NUMSA présents chez les 7 grands constructeurs automobiles et les 2 constructeurs de poids lourds ont stoppé la production à Pretoria où le secteur est concentré, mais aussi à Durban, Port Elizabeth et à East London. Les chaines sont à l’arrêt et les employeurs en portent seuls la responsabilité du fait de leur cupidité et de leur refus de céder face aux revendications des travailleurs.

Nous nous préparons actuellement à porter la bataille devant les portes des employeurs sous la forme de marches et de manifestations qui débuteront la semaine prochaine. Dans le même temps nous restons disponibles pour la négociation. Les revendications posées par les travailleurs de l’automobile au NBF sont cohérentes avec la campagne du COSATU (confédération syndicale unitaire sud-africaine) pour des salaires décents permettant de vivre correctement, d’autant plus que ce secteur est toujours en pointe dans le monde industriel. L’industrie automobile génère énormément de richesse pourtant celle-ci est accaparée par quelques-uns au travers des dividendes versés aux actionnaires et des très hauts salaires versés aux dirigeants. Les salariés, avec un maigre salaire, ont tout juste droit à une compensation de l’inflation. Ils doivent faire face à l’augmentation des services de bases, aux discriminations de races et de genres. Il y a des travailleurs de ce secteur qui vivent dans des bidonvilles parce que leurs revenus sont insuffisants pour payer un loyer d’une habitation décente et subvenir à leur besoins élémentaires.

En moyenne, plus de 20% des revenus sont consacrés au transport car les travailleurs, les noirs en particuliers, continuent de subir les conséquences du découpage territorial issu de l’apartheid où leurs zones résidentielles sont très éloignées des lieux où sont concentrées les activités économiques. Les coûts d’accès à la médecine sont insupportables et continuent d’augmenter sans cesse. La paie s’évapore rapidement, le jour même, lorsqu’elle arrive à la maison dans le remboursement des dettes obligatoirement contractées à cause des maigres salaires. En plus les temps partiels ne sont pas compensés et le chômage technique pas indemnisé.

Nos revendications dans le secteur automobile sont raisonnables. Nous demandons 14% d’augmentation de salaires, 100% du paiement en cas de temps partiel ou de chômage technique, une indemnité de résidence de 750 Rd* et de transport de 125 Rd* par semaine. Les travailleurs demandent un salaire égal pour un travail de valeur égal et donc une harmonisation des grilles salariales. En particulier cela nécessite d’étendre à toute l’industrie automobile la compensation de 3,32Rd* payée chez Toyota Afrique du Sud pour corriger les distorsions des grilles de rémunération. Nous rejetons les menaces des constructeurs de l’AMEO et des autres entreprises telles que UD Trucks ou Man Trucks and Bus de délocaliser la production ailleurs au motif que nos revendications seraient irréalistes. Nous refusons d’être traités comme des sous-hommes ce qui alimente la triple crise dans notre pays : pauvreté, sous-emploi et inégalité. En tant que travailleurs nous méritons de meilleures salaires pour nos enfants et les jeunes qui subissent le plus la brutalité et la barbarie du capitalisme.

 

*1 Rd (rand sud africain) = 7 centimes d’euros