C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Louis Dronval, survenu le 16 mars 2022.
Né le 8 juin 1952 à Loctudy, dans le Finistère, dans une famille où on lisait l’Humanité-Dimanche, Louis Dronval a découvert l’engagement syndical et politique auprès de son grand-père maternel. Celui-ci, marin pêcheur, avait participé à la mutinerie des marins de la Mer Noire en 1919, refusant de participer à l’offensive militaire française contre la Révolution russe.
Après avoir obtenu son baccalauréat, Louis Dronval est embauché en février 1974 comme technicien, projeteur au sein du bureau d’études des Chantiers Navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Dès son arrivée, une grève a éclaté pour l’obtention d’une augmentation de salaires. Étant stagiaire, les militants lui conseillent de rester à l’écart. Ce qui ne l’a pas empêché d’adhérer à la CGT dès le mois d’octobre. Il a rejoint le syndicat CGT des employés, techniciens, dessinateurs et agents de maîtrise (ETDA) très dynamique depuis la grève victorieuse des « mensuels » – deux mois de luttes – en 1967.
Il a tout d’abord été collecteur de cotisations syndicales, avant d’être élu délégué du personnel en 1978, alors que les Chantiers navals venaient de passer dans le giron du groupe Alstom. Il est désigné secrétaire général du syndicat CGT des ingénieurs, cadres et techniciens des Chantiers en 1987, tout en étant élu à la commission exécutive de l’Union fédérale CGT des ingénieurs, cadres et techniciens de la métallurgie (UFICT) à l’occasion du IIIe congrès de juin 1987. En 1994, il est élu au bureau de l’UFICT, mandat qu’il conserve jusqu’en mars 2005.
Il a été de toutes les luttes dans l’entreprise, en particulier lors de la grève d’un mois en 1988 et de la grève de quatre mois en 1989. Il a également été présent dans les batailles industrielles menées pour garantir le carnet de commandes des chantiers, avec par exemple le « Bretagne », un car-ferry construit entre 1988 et 1989 pour la compagnie Brittany Ferries, le « SeaFrance Berlioz », un ferry mis en service en 2005 ou encore les méthaniers « Provalys » et « Gaselys », construits en 2006 et 2007 pour GDF Suez.
En 2004, il est élu pour un an secrétaire du comité d’entreprise des Chantiers navals.
Louis Dronval a adhéré au Parti communiste français (PCF) en janvier 1977. Il est désigné secrétaire de la section communiste des Chantiers navals, en remplacement de Jean Perraudeau, devenu maire-adjoint de Saint-Nazaire. En 1978, il a participé à la campagne pour les élections législatives, dans un contexte de rupture du programme commun de la gauche. Il se souvenait également qu’à l’occasion d’une commémoration de la fusillade de Châteaubriant, il avait été désigné par Gaston Plissonnier, membre du comité central du PCF, pour en être le porte-drapeau. Il témoignait à ce sujet : « Arrivé dans la carrière, le protocole me fait arrêter dos à l’un des neuf poteaux d’exécution. Un sentiment de frisson, de peur, quelque chose d’indéfinissable m’envahit, moi qui suit positionné à l’endroit précis où 3 des 27 furent fusillés par des balles nazies, désigné par les hommes de paille d’un gouvernement aux ordres de l’occupant. » Il a également été membre de la direction de la Fédération PCF de Loire-Atlantique et a été élu municipal de 1983 à 1989.
En août 2006, il a ouvert ses droits à la retraite, en raison de son exposition à l’amiante. Il n’a pas abandonné l’activité militante pour autant. Il est élu au conseil national de l’Union fédérale CGT des retraités de la métallurgie (UFR) du IXe congrès en 2009 au XIIe congrès en 2019 et participait à l’activité de l’Union des syndicats CGT des travailleurs de la métallurgie (USTM) de Loire-Atlantique.
Louis Dronval était convaincu de l’importance de l’histoire sociale. Il était membre du conseil d’administration de l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie et de celui de Loire-Atlantique. Très investi, il a notamment œuvré à la reconnaissance du rôle joué par Ambroise Croizat comme ministre des Travailleurs, avec l’inauguration en 2011 d’une salle Ambroise-Croizat à la Genestrie, propriété de l’USTM de Loire-Atlantique, l’organisation d’un colloque en 2012 à Saint-Nazaire ou pour obtenir la dénomination d’une rue Ambroise-Croizat à Saint-Nazaire.
Sur le terre-plein de Penhoët, haut-lieu des luttes sociales des métallurgistes de Saint-Nazaire, il était présent chaque semaine pour vendre l’Humanité-Dimanche. Il y a quelques semaines à peine, il était délégué au 42e congrès de la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie.