Le 8 octobre, malgré des circonstances particulières liées à la situation sanitaire, la FTM-CGT a rendu hommage à Cécile Rol-Tanguy, médaille de la Résistance, grand officier de la Légion d’honneur. Fréderic Sanchez, secrétaire général de la FMT-CGT, nous explique pourquoi :

Cécile Rol-Tanguy est un personnage historique. À la suite de sa disparition le 8 mai dernier, les journaux, les télévisions et de nombreuses personnalités ont salué la mémoire de cette résistante de la première heure.

Pour ses obsèques, le confinement en vigueur ne nous avaient pas permis de lui rendre les honneurs comme nous l’aurions souhaité. Car Cécile est bien plus qu’une référence historique pour les métallurgistes. Elle est entrée au syndicat des métaux parisiens en tant que secrétaire administrative fin 1937, dans cette période pleine d’enthousiasme qui a suivi la victoire du Front populaire.

Mais pourquoi une telle place dans la mémoire des métallurgistes ?

Elle a été embauchée par Jean-Pierre Timbaud au 94 de la rue d’Angoulême, ce nouveau siège dont la rue portera le nom à la Libération. Elle y pénètre en même temps qu’un nouveau permanent, Henri Tanguy, qu’elle a épousé quelques mois plus tard.

Henri a été une des figures des Brigades internationales engagées aux côtés des républicains dans la guerre civile espagnole. Elle a été sa marraine de guerre, puis sa compagne, son assistante et sa secrétaire dans les combats contre le fascisme. Dès les premiers jours d’occupation, malgré le décès de son premier enfant, Cécile s’est engagée dans des actes de résistance. C’est grâce à elle qu’Henri, une fois démobilisé, a pu reprendre contact avec les camarades et participer à son tour à la lutte contre l’occupant.

C’est à ce moment-là qu’elle entre dans l’histoire ?

Oui, car elle a tenu un rôle important au cœur de la résistance. Henri, devenu le colonel Rol, chef régional des FFI de la région parisienne, a été l’initiateur de l’insurrection parisienne contre les forces nazies en août 1944 et Cécile était à la fois son agent de liaison et sa dactylo, chargée de taper à la machine les notes, directives et appels au combat de la population.

Et depuis toutes ces années, elle est restée auprès des métallos ?

Après la guerre, Henri a rejoint l’armée et Cécile, en tant que femme d’officier supérieur, a dû rester dans son foyer. Les premiers contacts repris par Jean Breteau, secrétaire général de la FTM-CGT, sont restés pour elle un moment important. Elle retrouvait ceux qui étaient restés sa famille de cœur et de combat. Même après la disparition d’Henri, elle a été présente aux congrès fédéraux, aux commémorations, notamment au centre Suzanne-Masson chaque année, toujours disponible et fière de chacune des naissances de ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants à la maternité des métallos.

Sa disparition a dû être cruellement ressentie.

Oui. D’autant plus que nous venions de fêter ses cent ans et qu’elle nous semblait éternelle, dans sa présence et son engagement à nos côtés. Mais le plus cruel, c’est de ne pas avoir pu l’accompagner à sa dernière demeure, saluer sa mémoire comme il convenait et lui témoigner notre affection et notre reconnaissance.

Quelles images garderont les métallurgistes et au-delà ?

L’image vivante de l’engagement assumé avec humilité, le rappel et le lien avec une génération de grands militants ouvriers, la démonstration de la place des femmes dans tous les combats. Place trop souvent oubliée, minimisée, parfois méprisée ou niée. C’était aussi la constance, durant plus d’un siècle d’existence, de la défense des valeurs de liberté, de dignité et de solidarité. Elle n’y a jamais failli. À l’occasion de son centenaire, elle nous engageait encore et toujours à nous rassembler et à nous battre.

Elle restera une des grands personnages de l’histoire des métallos CGT dont les nouvelles générations peuvent être fières.