Cette année a été une année de reprise pour la plupart des secteurs de notre économie, la production a redémarré, le taux de marge des entreprises a grimpé de 1,5 point en 2015, pour s’établir à 31 % de la valeur ajoutée. Quant à la distribution des profits, 39,6 milliards d’euros de dividendes distribués à leurs actionnaires. Pour 2016, la situation reste inchangée, puisque l’INSEE annonce une augmentation dans les taux de marge. Ainsi, le taux de marge des entreprises a atteint son plus haut niveau depuis 2008 et la distribution des dividendes reste très élevée. Cette amélioration des résultats des entreprises n’a malheureusement pas profité à l’investissement et l’emploi industriel.

Qu’en est-il de la redistribution des richesses créées?
Encore une fois l’emploi est en recul dans l’industrie et dans la branche. La métallurgie a perdu 22 249 emplois entre 2014 et 2015, notre branche enregistre 1 353 888 salariés. Après plusieurs années de modération salariale, les employeurs communiquent souvent cette année sur des hausses de salaires en France de +2,7% en 20161, mais derrière cette augmentation se cache une disparité dans la redistribution des richesses, causant encore une fois l’augmentation des inégalités dans notre pays. A ce titre, l’augmentation des salaires était plus marquée chez la catégorie ingénieurs cadres, leurs parts variables ont augmenté de plus de 10%, ce qui représente une augmentation de 1,7%. Alors que les salaires des non-cadres se tassent en augmentant de 0,7% sur la même période (Dans le secteur de l’industrie, le salaire des non-cadres a seulement augmenté de 0,6%, selon le dernier baromètre Randstad.).
Quant à la nature des augmentations, presque la moitié des entreprises n’a pratiqué que des augmentations individuelles, seulement 6,15 % n’ont fait que des augmentations générales. La différence de traitement entre les salariés s’accentue. L’étude Aon indique que les augmentations générales (communes à tous les salariés) restent inchangées, mais l’enveloppe consacrée aux hausses individuelles progresse (de 2,1 % en 2015 à 2,5 % en 2016). Néanmoins, il faut mentionner que les salariés français ont connu des augmentations inférieures à celles de leurs voisins européens .
La baisse de l’inflation est l’argument privilégié du patronat pour limiter l’augmentation des salaires. Or, ne serait-ce que pour ne pas perdre du pouvoir d’achat, les augmentations de salaires doivent suivre à minima la hausse des prix. Mais cette hausse doit intégrer des rectificatifs comme la composition familiale, l’effet qualité, le remboursement de crédit à l’achat d’un logement et le tabac (voir le livret sur l’indice prix).
Ainsi, nous pouvons constater que l’augmentation des marges et profits de nos entreprises n’est pas suivie automatiquement par un réinvestissement productif (parc machine et ressources humaines). Une revalorisation de nos salaires est plus que nécessaire, n’oublions pas que 50% de la richesse produite dans notre pays dépend directement de la consommation des ménages.

 

Pour aller plus loin :  « Le coût de la vie, ça se mesure ? »